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Page:Revue générale - volume 85, 1907.djvu/20

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Orient ; il édictait l’obligation pour les parents d’envoyer leurs enfants à l’école et la suppression de toute instruction religieuse. Depuis lors, la Maçonnerie ne s’est plus désintéressée de ce qu’elle considérait comme une condition du succès des ses efforts. Le 28 février 1874, à la loge des Amis philanthropes, M. Jottrand s’écria : « L’instruction primaire obligatoire, la Ligue de l’Enseignement, les sociétés d’enterrements civils… sont autant d’idées, autant d’œuvres, dont la conception, la création et l’introduction en Belgique sont dues à l’agitation de la maçonnerie bruxelloise. » Une assemblée générale, tenue peu de temps après à Bruxelles, le 7 mai 1876, par les francs-maçons, délibéra sur la ligne de conduite à tenir en matière d’enseignement et adopta la résolution suivante : « Les nécessités sociales et l’intérêt du pays exigent que l’enseignement public, qui comprend l’instruction morale, soit désormais exclusivement laïque et scientifique à tous les degrés, qu’il soit en même temps gratuit au degré inférieur. Ils exigent aussi que l’instruction primaire soit rendue obligatoire. » En 1886, un nouveau Convent confirma les décisions prises en 1876. La Maçonnerie n’a négligé aucune occasion de renouveler ses exhortations, et c’est à son intervention constante qu’on est en droit d’attribuer l’adoption par toutes les gauches, comme premier article de leur programme commun, de l’instruction obligatoire.

Les libres-penseurs ne se sont pas tenus à l’écart du mouvement ; à leur dernier Congrès, tenu le 4 juin 1906, un de leurs orateurs, M. Chapelié, a révélé le but des propagandistes : « L’instruction obligatoire, a-t-il dit, donnera de bons résultats, si l’enseignement est donné loin de tout dogme. »

De telles origines et de telles visées sont bien de nature à provoquer chez les catholiques les plus vives alarmes, les défiances les plus justifiées. Je connais la réponse : « Nous voulons, disent quelques-uns, l’instruction obligatoire et non l’école obligatoire. » Mais il ne s’agit pas de savoir si, en définissant ainsi la solution, nos adversaires sont sincères ; il s’agit de savoir si, en fait, l’école obligatoire ne sera pas obligatoire dans beaucoup de communes, ou tout au moins pour beaucoup d’enfants. Supposez une commune où il n’y ait pas d’école catholique : n’est-il