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Page:Revue générale - volume 85, 1907.djvu/21

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pas manifeste que l’école laïcisée sera obligatoire ? Supposez une autre commune qui possède une école catholique, mais insuffisante pour recevoir tous les enfants : est-il contestable qu’un certain nombre d’entre eux seront astreints à fréquenter l’école laïcisée ? Vainement ajouterait-on que l’instruction pourra se donner dans la famille et être confiée à des maîtres privés. Outre que ce mode d’enseignement ne serait possible qu’au moyen d’un contrôle inquisitorial organisé dans les familles, il est certain que les riches seuls pourraient y recourir. Les victimes de l’instruction obligatoire et laïque, ce seront donc les pauvres ; et ainsi il est démontré une fois de plus qu’en prenant en mains les intérêts de leurs consciences, c’est nous qui en sommes les défenseurs.

« Que craignez-vous ? », nous dit-on. « La religion ne sera pas enseignée dans l’école future ; mais elle n’y sera pas attaquée ; ainsi sera sauvegardée la liberté religieuse. » Vain artifice ! L’école a pour objet de faire de l’enfant un homme ; elle doit non seulement alimenter son intelligence, mais lui donner une règle de conduite, et, ci celle-ci n’a pas une base et une sanction religieuses, l’école sera certainement une école rationaliste. Au surplus, notre droit sera de l’envisager comme telle ; nous déclarons dès maintenant que c’est là notre conviction profonde ; et dès lors comment soutenir que la réforme projetée sauvegarderait la liberté de nos âmes ?

Encore si des subsides étaient accordés également par tous les pouvoirs publics aux écoles officielles et libres ! On pourrait, même dans cette hypothèse, se demander si cela suffirait ; car, pour fonder et maintenir une école, il y a à pourvoir à bien autre chose qu’aux dépenses journalières ; des bâtiments doivent être constitués dans des conditions qui donnent satisfaction aux exigences de l’hygiène, et leur entretien n’est pas sans imposer de lourdes charges. Mais, même abstraction faite de ce point de vue, nos adversaires sont-ils disposés à obliger les communes et les provinces à fournir aux écoles libres les mêmes subsides qu’aux écoles officielles, ou même à se contenter de leur conserver les subsides de l’État ? La négative est certaine. Dès le 2 mars 1900, M. Hymans écrivait : « L’Église prétend au monopole de l’en-