Aller au contenu

Page:Revue générale - volume 85, 1907.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suicides et les divorces abondent. À ce triple point de vue, la France figure au premier rang.

De 1876 à 1880, la moyenne annuelle des naissances dans ce pays était de 963 000 pour 35 millions d’habitants. Aujourd’hui, pour 38 millions, elle est de beaucoup inférieure ; de 1887 à 1891, elle a été de 873 000 naissances ; de 1892 à 1895, de 857 000 ; de 1896 à 1901, de 847 000 ; en 1903 les naissances étaient descendues à 826 712 ; en 1904, à 818 229, et en 1905 à 807 291. Ce n’est pas que les mariages aient diminué ; ils sont au contraire en progression ; mais ils sont volontairement peu féconds. C’est ce qui fait dire à l’Allemagne, pays d’enseignement confessionnel, que « chaque année les Français perdent une bataille[1] ».

Combien, d’autre part, la statistique des divorces ne multiplie-t-elle pas les plus tristes leçons !

Le divorce a été rétabli en France en 1884. La première année, le nombre des divorces a été de 1 700 ; en 1888, il s’est élevé à plus de 6 000 ; en 1895, à 6 751 ; en 1900, à 7 157 ; en 1903, à 8 919 ; en 1904, à 9 860 ; en 1905, à 10 019, et, actuellement, c’est Paris, la ville-lumière, qui en offre le plus grand nombre. On affirmait que les condamnations pour adultère diminueraient par l’effet du divorce. Bien au contraire : en 1883, il y en avait 371 ; dès 1890, ce chiffre s’était élevé à 1 173. C’est principalement dans la classe ouvrière que le divorce sévit, et l’on se demande avec effroi ce que deviennent alors les enfants, quand le modeste foyer qui les abritait est brisé et que leurs parents les sacrifient à de coupables amours.

Je ne l’ignore pas : il y a aussi beaucoup de divorces dans les pays protestants où l’instruction obligatoire est en vigueur ; mais ce fait doit être attribué aux facilités de leur foi religieuse, qui s’est montrée très complaisante pour les faiblesses humaines, et, dès lors, on ne peut, comme en France, faire remonter les causes du mal au mépris de la religion ; beaucoup de protestants, en divorçant, ne rompent pas, par cela même qu’ils se

  1. En France, la population était, en 1890, de 38 342 000 habitants, et en 1900, de 38 962 000 ; en Allemagne, elle était, en 1890, de 49 429 000, et en 1900, de 56 345 000.