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ne fut créé qu’en 1237. Une dénomination générale manquait alors : on parlait de la terra extra Fossatum. Si l’on essaye de reconstruire le traité qui est perdu, on arrive au résultat suivant :

I. Terres cédées. — Une partie du pays appartenait directement au comte, une autre consistait en fiefs. On nous nomme Arras (Atrebatum civitas), Saint-Omer, Aire, Bapaume, Beauquesne ; les comtés d’Hesdin et de Lens, les hommages des comtés de Boulogne, de Saint-Pol et de Guines et de la seigneurie de Lillers ; au delà du Fossé-Neuf, le manoir de Ruhout avec la forêt qui l’entourait, la juridiction dans un district exactement limité du comté de Ponthieu, enfin tout ce que le comte de Flandre possédait en fiefs hypothécaires, en fiefs ecclésiastiques et en droits de diverse nature en deçà de la ligne de démarcation.

II. Clauses relatives à l’exécution du traité. — 1° La cession ne devient effective qu’après la mort du comte[1] ; 2° toutes ses autres possessions demeurent assurées au comte de Hainaut et à sa femme Marguerite et à leurs héritiers ; 3° si la fille du comte de Hainaut mourait sans hoir de son corps, les possessions ci-dessus désignées feraient retour au comte de Hainaut et à ses héritiers ; si elle avait un hoir et que celui-ci vînt à décéder lui-même sans postérité, toutes les possessions ci-dessus désignées feraient néanmoins retour au comte de Hainaut et à ses héritiers et ne seraient aucunement réunies à la couronne de France ; 4° les frères d’Isabelle, le jeune Baudouin et Philippe, confirment ce traité.

A un âge des plus tendres, Isabelle de Hainaut fut placée au centre de combinaisons politiques qui ne tardèrent pas à obscurcir son bonheur. Il est impossible de faire d’elle un portrait fidèle et individuel ; elle partage en cela le sort de la plupart des femmes du siècle, même des plus célèbres. Nous ne pouvons accorder beaucoup de valeur aux brèves louanges que lui adresse Gilbert[2] : lui et l’auteur de l'Historia regum Francorum[3]

  1. Dans son édition des Chansons de Conon de Béthune, p. 135, M. A. Wallensköld n’y a pas pris garde. Il prétend que « tout l’Artois » était dans les mains de Philippe-Auguste de 1180 à 1200.
  2. P. 95, 119 et 140.
  3. Rec, XII, p. 221. — Sur une prétendue parenté entre Isabelle et Ingeburge, voir Davidsohn, App.. p. 297 et suiv. Les sources latines l'appellent toujours Elisabeth ou Élizabeth. Dans les Gesta Ludovici VIII, Rec, XVII, p. 303 A, on trouve : « ex Elisabeth sive Isabelli. » Dans les sources françaises, nous avons le nominatif Ysabiau, Grandes Chroniques, Rec, XVII, p. 370 B, et Ysabiaus (Philippe Mousket, v. 19332, Récits d’un ménestrel de Reims, § 76) ; le cas oblique Isabel (Rec, XVII, p. 351 c).