Page:Revue historique - 1893 - tome 53.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pâques, il se rendit en Flandre, cédant ainsi aux instances du comte, — contre les conseils de tous ses amis, — disent les sources anglaises, ce qui est juste, si l’on ajoute : du parti contraire.

Près du Tronc-Bérenger[1], là où se touchent la Flandre, le Vermandois et le Hainaut, il y avait dans la forêt d’Arrouaise une abbaye du diocèse d’Arras, consacrée à la sainte Trinité et à saint Nicolas. C’est là que les fiancés furent bénis par les évêques Henri de Senlis et Roger de Laon, amis intimes de Baudouin de Hainaut[2]. Le lundi 28 avril, les noces furent célébrées tout près, à Bapaume, localité qui faisait partie de la dot d’Isabelle. Les barons dont la présence est connue sont tous du groupe flamand : à côté de Philippe lui-même et de Baudouin, nous avons à nommer le marquis Henri de Namur, les comtes Raoul de Clermont, Raoul de Soissons, Jean Ier de Ponthieu et Hugues IV de Saint-Pol[3].

Les journées de Bapaume servirent sans doute à régler les détails de la guerre où allaient se trouver en présence, d’un côté la Champagne et l’Angleterre, de l’autre tous les principaux vassaux de l’est. Il paraît que Philippe-Auguste profita de l’occasion pour demander à Baudouin des gens de pied pour l’accompagner dans son expédition d’Auvergne. Gilbert de Mons en est très fier et en allègue la raison : le fantassin hennuyer passait alors pour un soldat d’élite et des plus braves.

L’événement marque l’apogée de l’influence flamande. Ce

  1. « Duxit uxorem apud Truncum. » Raoul de Dicet. Il s’agit du Tronc-Bérenger, Aisne, arr. de Saint-Quentin, c. du Catelet et de Bohain. Voir Sigeberti Auct. rsicampinum, a. 1114, Mon. Germ., VI, p. 472. Le même lieu dans Gilbert, p. 223, où l’éditeur, induit en erreur par Duvivier, l’a faussement identifié avec Tronchiennes. Voir Wauters, III, introd., p. XXIII, index, p. 609, et la Relatio de infeodatione comitatus Namucensis, Mon. Germ., XXI, p. 610.
  2. « Per manus episcoporum copulata est. » Hist. reg. Franc., Rec., XXII, p. 221. — On ne se rend pas bien compte du rôle qui était échu à des évêques durant les noces. — Les relations d’Isabelle avec l’église de Senlis ressortent de Gilbert, p. 139 et 140 ; Sigeberti Cont. Aquic., a. 1184.
  3. H. Martin et P.-L. Jacob, Hist. de Soissons, p. 48.