Page:Revue internationale, 3è année, tome IX, 1885.djvu/218

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Ces institutions publiques devaient influencer la vie privée. S’il faut en croire Théopompe, Timée et Virgile[1], les Étrusques étaient de bons vivants pour lesquels les festins et les nocturna bella avaient des charmes particuliers ; quant à la musique, ils en mettaient partout. C’est au son de la flûte qu’ils déjeunaient couronnés de roses, mollement étendus à côté de leurs femmes si célèbres par leur beauté, qu’ils pétrissaient le pain et fouettaient leurs esclaves. De tous les cancans de l’antiquité sur leur amour du plaisir nous ne voulons retenir que deux choses : c’est qu’individuellement les Étrusques avaient de la jovialité dans le caractère ; c’est qu’ensuite leurs divertissements aussi bien que leurs travaux répondaient à une conception profonde d’utilité publique.

Florence, cité romaine, utilisa sous l’empire l’institution des jeux annuels (an 18) pour faire sa cour à Auguste, à Livie et plus tard à Tibère, en échange des faveurs qu’elle en obtenait. Les fêtes de la déification des deux premiers durèrent six jours, pendant lesquels la « Bonne déesse » reçut des gâteaux de miel, du lait et autres offrandes plus agréables aux sacrificateurs. Des combats d’hommes et animaux avaient lieu dans l’amphithéâtre perilasium (du grec peri-las) appelé depuis par corruption parlagio[2].

Le christianisme, qui déprima l’appétit individuel de jouissance apprit aux masses plutôt à se flageller qu’à s’esbaudir. Mais à Florence le vieil instinct du divertissement politique survécut à son influence et y puisa même de nouveaux motifs d’exaltation.

Pour remercier les saints des services rendus ou en mériter de nouveaux, on les fêta. Ammirato et Giovanni Villani nous ont conservé la description des fêtes remarquables qui eurent lieu dans les années 1283, 1322, et 1333 en l’honneur de saint Jean, patron de Florence. Mille hommes vêtus de blanc, de nombreux bourgeois travestis en chevaliers de corredo organisèrent la première de ces fêtes ; la seconde dura huit jours et fut l’occasion d’une foire qui attira beaucoup d’étrangers ; la troisième se prolongea pendant un mois et fut signalée par des réjouissances extraordinaires. La tête ceinte de fleurs ou recouverte d’un drap d’or, on dansait dans les rues

  1. Énéide, XI.
  2. Au sujet du parlagio sur une partie de remplacement duquel s’élève aujourd’hui le palais des Peruzzi, consulter Moïse, Santa-Croce et Manni.