Page:Revue internationale, 3è année, tome IX, 1885.djvu/702

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recherches à faire, néanmoins ces vérités suffisent, d’après mon jugement, pour établir dès ce moment que non-seulement les Chinois ne connaissaient pas tout l’empire romain, mais encore que leurs navires ne touchèrent jamais la côte italienne. Admettant donc en bloc les identités comme elles nous sont présentées dans ce livre, je crois être agréable aux non-sinologues en faisant un extrait historique des relations qui existèrent entre la Chine et Ta-ts’-in, ou la Syrie, car c’est sous ce nom, en effet, que les lieux nous sont indiqués. Selon les anciennes chroniques chinoises, une première ambassade, conduite par Ciang-c’ien, fut envoyée à l’empereur du Royaume du Milieu d’Occident, et se rendit par mer au pays appelé An-hsi (Arsah, Parthia) environ l’an 120 av. J.-C. Le roi expédia vingt mille cavaliers à sa rencontre, jusqu’à la frontière, éloignée de la capitale de plusieurs milliers de li (stades). Ciang-c’ien conclut des traités avec ce pays, ainsi qu’avec les pays limitrophes. Il fut accompagné à son retour par une mission chargée d’offrir de la part du roi des dons à la cour chinoise. Ces dons consistaient en œufs d’oiseau (d’autruche probablement) et en prestidigitateurs du Likan (Rekem et Pitra).

A propos de ces derniers, on trouve dans l’histoire de la dynastie précédente des Han que le roi de Scia’n — pays situé au sud-est de l’empire et devenu tributaire de la Chine vers la fin du premier siècle de notre ère — envoya aussi des prestidigitateurs syriens, c’est-à-dire du Likan, à la cour de l’Auguste Seigneur. Il est ajouté qu’ils savaient exorciser, vomir le feu, se disloquer les membres, changer la tête des chevaux en têtes de bœufs et danser sur des milliers de balles. Les prestidigitateurs envoyés par le roi de Scia’n donnèrent une représentation, devant le jeune empereur An-ti, le premier jour de l’année 121.

Les notices géographiques recueillies en Occident par Ciang-c’ien n’ont de valeur que pour les pays visités par lui-même, car celles qu’il donne d’autres lieux sont erronées. Suivant les récits de cette époque, Icas-cih aurait été plus éloigné que Ta-ts’-in ; c’est-à-dire que l’embouchure de l’Euphrate se serait trouvée plus à l’occident d’Elana, port maritime, que Pitra ou Rekem.

L’an 27 av J.-C. une seconde ambassade arriva d’Occident à la cour chinoise, apportant cette fois des lions et des ju-pa. Les Chinois trouvent qu’il y a ressemblance entre cet animal et leur lin fantastique, avec la différence que celui-ci ne porte qu’une seule