Page:Revue internationale, 3è année, tome IX, 1885.djvu/705

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et deux antilopes ; quelques mois après il envoyait des prêtres de la plus grande vertu — ainsi raconte l’histoire — chargés par lui de présenter des tributs. Le docteur Hirth suppose, sans toutefois l’affirmer positivement, que ces prêtres étaient des Nestoriens.

Un laps d’environ quatre siècles se passe avant qu’on trouve des traces écrites d’une nouvelle mission officielle ; la première en date n’eut lieu, paraît-il, qu’en l’année 1081. En suivant toujours comme guide le docteur Hirth, ce fut en cette même année que Soliman, établi alors à Iconium en Asie Mineure, envoya un officier de rang élevé, avec mission de présenter à l’empereur chinois des chevaux bardés, des armes et des perles, c’est-à-dire les choses les plus renommées de son pays.

Vers la fin de la dynastie mongole, Ynen, un nommé Nicolas, originaire de Syrie, vint en Chine en se faisant passer pour marchand. Il semble toutefois que ce personnage n’était autre que Nicolanus de Bentra, envoyé en 1333 par le Pape Jean XXII pour succéder dans la charge d’archevêque à Jean de Montecorvino décédé dans la capitale chinoise, en 1371, après la chute des Ynen et l’avènement de la nouvelle dynastie nationale des Ming. L’empereur Jai-tsu donna l’ordre que cet occidental fût envoyé accompagné d’une mission, avec une lettre et des dons impériaux au souverain de sa terre natale. La lettre prouve comment, dés cette époque, la Chine apprécia l’avantage d’entretenir des relations politiques entre les différents États : aussi nous semble-t-il intéressant de transcrire ici cette missive, d’ailleurs fort curieuse par elle-même :

« Dès que la dynastie des Sung eut perdu le trône et fut dispersée par le ciel, les Mongoles surgirent du désert (scia-mo) et conquirent la Chine qu’ils gardèrent sous leur domination pendant plus de cent ans. Le ciel fatigué de leur mauvais gouvernement et de leur corruption les fit tomber du trône et mit un terme à leur succession. L’empire fut livré aux désordres et aux calamités pendant dix-huit ans ; lorsque, un jour, tous les vaillants se soulevèrent. Nous, simple citoyen de Huai-yu, conçûmes le noble projet de sauver le peuple. Le ciel nous concéda son aide et fit en sorte que nos officiers civils et militaires passassent sur la rive orientale du fleuve. Nous avons soutenu une guerre qui a duré quatorze ans. Dans l’ouest, Teen-Yu-Liang, roi de Han, fut soumis : à l’est, le roi de Wu, Iciang-Scih-Ceng, a été fait prisonnier ; au sud, on a réduit à l’obéissance Min et Yuch (les provinces de Fu-kien, Kuang-tung