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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/470

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si le hasard ne m’avait pas fait tomber sous la main une lettre de M. de Fulvy, que je ne croyais pas avoir, par laquelle on verra de quelle manière les supérieurs ont pensé sur mon compte.

L’approbation que M. Orry donna à l’exécution de mon projet fut suivie de celle de la Compagnie. En 1742, le roi, sur la présentation de la Compagnie, me nomma gouverneur général de sa concession de Sénégal ; aucun de mes prédécesseurs n’avait eu encore cet honneur, et il n’a pas passé depuis à aucun autre[1]. Je retournai à la concession en 1743, avec les approvisionnements et les gens que j’avais demandés pour jeter les premiers fondements de cette grande entreprise, dont la dépense modique surprit M. Orry lui-même et la Compagnie.

Je montai en Galam, au mois de juillet 1744. Dans le temps des plus fortes chaleurs et de la plus grande intempérie, je passai à Bambouc, où je fus reçu des rois du pays, au delà même de mes espérances ; j’en obtins tout ce que je voulus, je ne me trouvai en peine que de ne pouvoir pas me partager à leur gré, pour me prêter à ce que chacun d’eux désirait, que je m’établisse chez lui ; ils s’engageaient de faire porter sur le dos de leurs esclaves, tel nombre de canons (qu’ils ne connaissaient pas) que je voudrais avoir ; que je serais en tout et partout leur maître ; il n’est sorte de caresses, de prévenances, d’offres de services qu’ils ne me fissent. Je donnai ordre de faire bâtir un premier fort à Farbana pour nous conduire de cette mine à celles des montagnes, distantes de ce poste d’une journée de piéton ; je parcourus tout ce pays, dont je rendis compte à qui je devais.

  1. Voici ses lettres patentes qui furent, en effet, exceptionnelles : « La Compagnie des Indes, ayant lieu d’être satisfaite de la conduite que le sieur David a tenue dans les différents emplois qu’il a exercés tant en qualité de conseiller au conseil supérieur, établi au fort Saint-Louis, qu’en celle de directeur général et président du conseil supérieur du Sénégal, a, en exécution de l’article 12 des lettres patentes du mois de mars 1696, nommé et présenté à Sa Majesté le sieur David, de la religion catholique, apostolique romaine, pour remplir la place de gouverneur des forts, isles, comptoirs et habitations de la concession du Sénégal, comprises depuis le cap Blanc jusqu’à la rivière de Sierra Leone et celle de président au conseil supérieur dans la même concession, pour, en ladite qualité, y commander tant aux habitans desd. lieux qu’aux commis de la Compagnie et autres employés qui y sont déjà établis ou qui s’y établiront en l’avenir de quelque qualité et condition qu’ils puissent estre, ensemble aux officiers, soldats et gens de guerre qui y sont ou pourront estre en garnison et rendre la justice tant civile que criminelle, conformément à l’édit d’établissement du conseil du mois de février 1726. Fait et arrêté à Paris en l’hôtel de la Compagnie des Indes. »