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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/476

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M. Bouvet ayant rempli sa mission à la côte mit à la voile pour son retour, et il arriva heureusement à l’Ile-de-France.

La Compagnie ne fut pas plus tôt tranquille sur le sort de cette place, qu’elle entra dans la plus grande inquiétude pour ses îles ; elle apprit, à n’en pas douter, que l’amiral Boscawen, au contraire de ce qu’elle m’avait expressément écrit, mais je n’avais pas encore reçu sa lettre, devait nous attaquer avant de se présenter à la côte de Coromandel : on peut voir dans les registres de la Compagnie quelles furent alors ses alarmes et la crainte qu’elle eut de perdre ses îles.

Dans l’intervalle du départ de M. Bouvet à celui de son retour à l’Ile-de-France, je redoublai mes soins et mes attentions pour les travaux des batteries ; je fis toutes mes dispositions, pour nous trouver prêts en cas d’attaque ; un chacun apprit à se trouver à son poste, à tenir ses armes en état, et à répondre aux alarmes. Le vaisseau l'Alcide nous étant arrivé le premier juillet, donna encore du courage à notre monde ; enfin, le 4 juillet 1748, l’amiral Boscawen parut avec une escadre de trente-quatre vaisseaux dont six restèrent au vent de l’île et les vingt-huit autres vinrent mouiller devant la baie des Tortues, en aussi bon ordre que s’ils avaient eu de nos pilotes dans leurs bords pour les manœuvres. Je ne crois pas que l’auteur du mémoire veuille m’obliger de l’informer de quelle manière je me suis comporté devant les ennemis ; tant de gens y étaient présents qu’il peut s’adresser à eux pour s’en instruire ; je ne récuse là-dessus le témoignage de personne : quant à ce qui regarde les habitants, je dois dire qu’ils se portèrent tous à leurs postes, avec toute la bonne volonté et le courage possible ; je dois la même justice à tous ceux qui étaient chargés de la défense des batteries et des endroits de descente : Je ne parlerai pas des officiers, dont le partage est de se distinguer partout où ils sont placés. L’ennemi fit inutilement des feintes et des tentatives pour mettre à terre ; la côte était si bien préparée à le recevoir, qu’il n’osa rien entreprendre de sérieux ; il nous tira seulement quelques coups de canon de temps à autre, mais, avant son départ, il honora la colonie pendant deux heures d’une salve générale du canon de tous ses vaisseaux, dont nous ne reçûmes pas le moindre mal : il avait paru le 4 du mois de juillet, il en partit le 9 pour aller à Pondichéry.

Débarrassé de ce voisinage, et ne doutant pas que l’escadre de l’amiral Boscawen ne se joignit à celle de l’amiral Griffin, que je savais être à la côte de Coromandel, pour attaquer ensemble Pondichéry, je travaillai à faire un second armement pour le se-