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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/544

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qui mène à Bounoua ; elle est semblable à celles de Yaou et d’Impérié ; moins longue que cette dernière, elle est coupée vers son milieu par des marécages. Ce jour-là, la pluie qui tombait la rendait très-glissante. Après avoir parcouru quatre à cinq cents mètres, je suis revenu sur mes pas. J’ai fait un petit cadeau au chef qui, depuis longtemps, n’avait pas été en rapport avec les Français et qui m’a fait apporter les provisions dont j’avais besoin. Dans ce grand village habité par des hommes d’Aka, je n’ai remarqué aucun sentiment de malveillance et de crainte.

J’ai continué à remonter l’Akba et, à la nuit, j’ai mouillé devant Alépé, après avoir franchi heureusement les roches dont la rivière est semée. J’ai trouvé la factorerie Marchand en pleine activité ; la maison en bois est construite ; l’agent qui y réside a fait, depuis vingt jours, 70 barriques d’huile de palme. Il se loue beaucoup du chef de Grand-Alépé, le vieux Gossan, qui est venu passer quinze jours à la factorerie. Ce chef était parti depuis deux jours. J’ai vivement regretté de n’avoir pu le rencontrer, car il a toujours montré à notre égard les meilleures intentions. J’aurais désiré aller le visiter à son village, mais j’ai reculé devant un voyage de cinq heures dans des chemins affreux, rendus encore plus épouvantables par les pluies torrentielles qui tombent en ce moment. J’ai chargé l’agent de la factorerie d’exprimer à Gossan le regret que j’avais de ne pas le voir, et la satisfaction que j’éprouvais de la manière dont lui et ses hommes faisaient le commerce avec les Français.

Un autre chef qui a de fréquentes et bonnes relations avec la factorerie, est celui de Yakassé, village situé au-dessus des cataractes.

Le lendemain matin, 14, je suis parti avec la baleinière et une pirogue pour tâcher d’arriver à Yakassé. Les pluies qui tombent depuis quinze jours ont considérablement enflé les eaux de la rivière. Nous avons eu à lutter contre un courant de foudre. Nous sommes parvenus à franchir les premières roches de la cataracte et à prendre terre au village d’Akba ; mais là, j’ai reculé devant la crainte de briser les embarcations sur les rochers, et après, avoir visité le village qui est sans importance et qui est commandé par une femme, j’ai rebroussé chemin. Nous avons parcouru en un clin d’œil la route que nous avions eu tant de peine à faire, et nous sommes revenus sans encombre à bord de l'Archer.

Je suis parti de suite d’Alépé et suis venu mouiller à Impérié. Le chef revenait de Bounoua. Aka, dit-il, avait saisi avec em-