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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/545

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pressement l’occasion qui lui était offerte, et dans quelques jours, allait m’envoyer ses hommes à Grand-Bassam. Il me promit de les accompagner dans leur mission. Je le quittai en lui faisant un cadeau et en lui témoignant toute ma satisfaction de sa conduite.

Arrivé à Yaou, je dis au chef que je désirais aller me promener dans le lac Kodioboué et que je voulais l’emmener. Il y consentit de suite, mais il me pria de remettre le voyage à un autre jour, l’heure étant beaucoup trop avancée. Je lui dis alors que je reviendrais le prendre le lendemain matin, et je retournai à Grand-Bassam.

Le lendemain 15, à dix heures, j’étais de nouveau à Yaou. Le chef, accompagné d’un homme, vint à bord immédiatement, puis nous retournâmes sur nos pas jusqu’à l’entrée du marigot qui conduit au lac Kodioboué. Là, nous laissâmes l’Archer, et avec la baleinière et une pirogue bien armée nous entrâmes dans le Marigot. Large de 30 mètres en moyenne, profond de 4, 5 et 6 mètres, il serait navigable pour l’Archer si la végétation tropicale ne venait y mettre obstacle. Son lit est obstrué par des troncs d’arbres de toute sorte, et les arbres des deux rives étendent souvent leurs branches dans toute sa largeur. Le courant descendait avec une vitesse de près de deux nœuds et rendait notre navigation excessivement pénible. Il fallait se frayer un passage avec la hache. Après une heure vingt minutes de route, nous trouvâmes un arbre énorme barrant complètement le passage et servant de pont aux indigènes. C’est pour acheter une pirogue devant suppléer à l’usage de ces ponts, que M. Du Bouchage avait donné 30 francs au chef de Yaou. Je fis attaquer l’obstacle à coups de hache ; mais la partie inférieure plongeait dans l’eau de plus d’un mètre, et un travail d’une demi-heure n’avait rien avancé. A ce moment, la pluie qui tombait assez fine depuis longtemps, se changea en averse épouvantable. Nous n’étions pas même à moitié du lac et déjà trempés jusqu’aux os, nous voyions nos maigres provisions complètement perdues. La Somme était signalée au moment ou nous quittions Grand-Bassam. Toutes ces causes réunies me firent prendre, bien à regret, le parti de revenir sur mes pas. Nous trouvâmes heureusement un ajoupa qui nous offrit un abri pendant la violence de la tornade ; enfin, aidé par le courant, nous arrivâmes à bord en trois quarts d’heure.

Je reconduisis le chef à Yaou, en lui faisant promettre de venir à Grand-Bassam avec les envoyés d’Aka. En me quittant,