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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/552

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En 1856, deux hommes riches, chefs de grands villages situés à l’embouchure de la rivière, prédominaient dans le pays et se partageaient l’influence et le pouvoir.

Le premier, appelé Piter, habitait le village de Pandan, sur la langue de sable comprise entre la lagune et la mer, et étendait sa domination sur cette langue de sable et sur deux îles situées devant Pandan. Un village, celui de Yacobo, situé sur la rive Nord de la lagune, obéissait également à ce chef qui aurait bien voulu étendre sa puissance sur les habitants de cette rive. Mais ces hommes ne l’aimaient pas et auraient accueilli plus favorablement son rival.

Ce rival se nommait Guipro. Il était chef de l’ile de Thiakba située à l’entrée de la baie de Cosroë, dans la lagune du Grand-Bassam. Sa résidence était au village d’Afé, à un mille de Pandan, sur la langue de sable et tout près de la barre. Son autorité s’étendait sur les deux rives de la rivière jusqu’à Tamabo, à 15 ou 16 milles d’Afé. Ses sujets, ou sa famille, comme on dit dans le pays, occupaient également l’ile Lozo et toutes les îles de la lagune, à l’exception des deux qui appartenaient à Piter.

Les deux familles vivaient depuis longtemps en assez bonne intelligence, lorsqu’en 1856, Piter, chef ambitieux et redouté dans tout le pays, se rendit au village de Kébiessou, dans la rivière, et là, sans motif aucun, voulut rançonner les habitants. Il en tua quelques-uns, et en retournant à Pandan, il emmena plusieurs femmes qu’il rencontra sur sa route. Ce fut la cause d’une guerre acharnée.

Chacun des villages de Pandan et d’Afé est protégé par une palissade qui va de la lagune à la mer. La distance qui sépare ces palissades est d’une portée de fusil, et chaque jour une fusillade continuelle s’établissait entre les deux partis. La famille de Thiakba, beaucoup plus nombreuse que la famille de Piter, était en réalité plus faible à cause de son extrême dissémination. Ses membres, comme nous l’avons dit, occupent l’île de Thiakba, dans la lagune de Grand-Bassam, et Guipro y résidait souvent. Piter, au contraire, tenait toutes ses tribus massées, disposant d’une force plus réelle.

La lutte continuait toujours, quand, au mois de décembre 1856, arrivèrent à Grand-Bassam des envoyés de Guipro, chargés de demander au commandant du comptoir la protection de la France. M. le commandant de Dabou les reçut courtoisement et les renvoya en donnant rendez-vous à Guipro au village de Kraffi. Diverses circonstances empêchèrent cette entrevue.