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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/553

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Par une lettre en date du 29 janvier 1857, M. le capitaine Bruyas reçut du commandant supérieur l’autorisation de passer un traité avec les gens de Lahou. Au mois de mai, la canonnière la Tourmente vint mouiller devant la barre de la rivière ; mais les brisants étaient si forts qu’elle ne put communiquer. Le pavillon français flottait sur la plage, malgré les efforts tentés pour soustraire les naturels à notre influence.

Les affaires étaient dans le même état quand M. l’enseigne de vaisseau Réveillère obtint du commandant de Grand-Bassam, M. le lieutenant de vaisseau Henri Brossard de Corbigny, l’autorisation de faire une excursion dans le pays de Lahou.

M. Réveillère fit déposé sur la plage au village de Graffi ; il était accompagné de l’interprète John qui avait résidé dans le pays et qui en connaissait tous les chefs. Le 13 octobre 1857, il arriva au village de Brafé, commandé par Antony, homme jeune et intelligent, parlant suffisamment anglais. Le lendemain, il alla voir Guipro à Afé.

Guipro demanda bien l’établissement d’un blockhaus et la protection des Français, mais il hésita d’abord à accorder à M. Réveillère une pirogue pour visiter la lagune, et, par conséquent, les moyens de communiquer avec Piter. 11 se montra, ainsi qu’Antony, d’une avidité extrême.

Cet officier obtint enfin de Guipro une pirogue pour remonter la rivière. À Dzido, le chef Coutoucou, frère ainé d’Antony, lui demanda l’établissement d’un blockhaus. À Lentibo, le chef lui fit les mêmes vœux. Après avoir eu à lutter contre la mauvaise volonté de ses piroguiers, M. Réveillère atteignit Awanou. Le chef le traita bien et le pria d’inviter les navires de traite à remonter la rivière. Au village d’Ahna, les piroguiers refusèrent positivement d’aller plus loin, prétendant qu’ils seraient tous tués par les gens du pays. Les deux chefs du village, bien qu’ils eussent cordialement reçu le voyageur, ne se prêtèrent pas à lui donner les moyens de continuer sa route, soit par terre, soit par eau. Devant cette impossibilité, M. Réveillère dut revenir sur ses pas. A Kébiessou il prit le sentier qui conduit à travers les bois au marigot reliant la rivière à la baie de Thiakba.

« Ce marigot n’est praticable que pour les petites pirogues ; c’est un chenal extrêmement sinueux, souvent de la largeur seulement de la pirogue, coupé constamment par des arbres abattus, ce qui oblige à une gymnastique continuelle. Ce chenal poursuit son cours dans une plaine marécageuse plantée d’une forte végétation ; parfois on perd même toute trace de