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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/554

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l’arroyo, et la pirogue circule dans la forêt. Cette communication n’est réellement praticable que pour des Bushmen ; j’y ai rencontré plusieurs pirogues chargées de sel, allant à Kébiessou. »

« Un peu avant d’arriver à Thiakba, la forêt a fait place à une vaste prairie, située au fond d’une belle vallée ; l’arroyo, toujours très-étroit, serpente au milieu des hautes herbes, et débouche dans un large bassin[1]. »

En quittant ce bassin auquel les naturels attachent un caractère sacré, M. Réveillère s’engagea dans le sentier montagneux qui conduit au fond de la baie de Thiakba. Ce sentier a 4 à 5 milles de long et traverse tantôt des bois, tantôt des plaines déboisées, plantées de roniers ; sa direction est du Nord au Sud. Du fond de la baie, M. Réveillère se rendit en pirogue à l’ile de Thiakba, et de là à Dabou.

M. Réveillère fit un second voyage à la rivière Lahou, au mois de juin 1858 ; il accompagnait le commandant de Grand-Bassam, M. le capitaine d’artillerie Mailhetard. Ces deux officiers partirent du fond de la lagune de Grand-Bassam, et après avoir traversé un bois assez épais, arrivèrent au village de Kraffi, sur le bord de la mer. En cet endroit, la lagune est distante de la mer de 2 kilomètres.

« De Kraffi à Lahou, on suit la côte. La route n’est pas aussi belle que celle d’Assinie, mais elle est moins longue. Sept villages intermédiaires se présentent successivement, à peu près également espacés les uns des autres, et peuvent servir de haltes. Après quatre bonnes heures de marche, nous sommes arrivés au village de Couassi,où nous nous sommes reposés trois heures environ avant de nous remettre en route. De Couassi à Lahou, le chemin est un peu moins long et ne demande pas plus de trois heures. J’estime qu’il y a près de 7 lieues du fond de la lagune à Lahou[2]. »

À Afé, Guipro et toute la population reçurent les voyageurs avec des démonstrations de joie. La guerre durait toujours entre les deux familles. Dans un grand palabre qui dura quatre heures et auquel assistaient tous les chefs, toutes les conditions que M. Mailhetard exigeait pour l’établissement des Français furent acceptées ; Guipro croyait même que la chose allait se faire de suite.

  1. M. Réveillère, enseigne de vaisseau. Rapport au commandant de Grand-Bassam, octobre 1857.
  2. M. Mailhetard, commandant du Grand-Bassam. Rapport au commandant supérieur, 23 juin 1858.