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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/555

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Pendant cette journée, nos officiers furent comblés d’amitiés ; partout on leur demandait quand ils reviendraient pour s’établir définitivement dans le pays. Les mauvais temps qui régnaient les engagèrent à abréger leur séjour. Ils partirent le soir et, prenant la route qu’ils avaient déjà suivie, ils arrivèrent le lendemain matin à bord de la Rafale mouillée au fond de la lagune de Grand-Bassam.

Depuis ce voyage, aucune tentative n’a été faite pour entretenir des relations dont le début s’offrait sous d’aussi heureux auspices. Guipro et Piter[1] sont morts ; ils ont emporté dans leurs tombes les haines qui divisaient leurs familles, et aujourd’hui la paix règne dans les villages de Pandan et d’Afé.

Je suis parvenu à la fin de cette étude sur le pays de Lahou et sur ses habitants. Elle prouve, à mon avis, la possibilité d’arriver en toute sécurité à Tiasal, sans qu’il soit besoin d’occuper militairement le pays. Une prise de possession n’est pas assez nécessaire pour exploiter les richesses de Lahou si notre commerce était en mesure de le tenter. Un aviso à vapeur entrerait dans la rivière ; on rappellerait aux chefs et aux populations les relations amicales qui ont toujours existé entre eux et les Français ; des cadeaux, largement et judicieusement distribués, nous concilieraient ces indigènes. Le but du voyage serait clairement expliqué ainsi que le bien qui en résulterait pour tous. Alors commencerait une exploration attentive et sérieuse de la lagune et de la rivière. A Tiasal, on aurait enfin une certitude sur la quantité de coton que l’on peut y recueillir. Quinze jours suffiraient à cette expédition qui, sans compter ses résultats commerciaux, serait très intéressante sous le rapport géographique. Elle devrait avoir lieu dans les premiers jours de décembre, à l’époque des belles barres et de la saison sèche. On reviendrait à Grand-Bassam avec des notions certaines et on pourrait alors dire hardiment à nos commerçants : « Allez à Tiasal, vous y achèterez en tant de temps telle quantité de coton. Partez avec votre bateau à vapeur, emportez de bonnes marchandises ; agissez avec loyauté, traitez bien les chefs et les naturels. Outre le coton, vous vous procurerez de l’huile de palme, de l’or, de l’ivoire. Une mine vous est ouverte, c’est à vous de l’exploiter. Nous vous en avons montré le chemin et nous vous répondons de vous envers les naturels. Aussi saurons-nous réprimer tout acte

  1. Le successeur de Piter se nomme Niawa.