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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/563

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tier qui, malheureusement, ne communique avec la ville qu’au moyen de bateaux.

Des canaux sillonnent la ville et facilitent le mouvement commercial. Les grandes barques les remontent et vont porter leur chargement jusque devant les magasins.

De larges boulevards, des chemins, des ponts, jusqu’alors inconnus en Cochinchine, permettent aux équipages, fiacres et autres voitures de rouler facilement là où, naguère encore, on ne pouvait circuler qu’à pied, en s’enfonçant dans la vase jusqu’à mi-jambe.

On aime à voir les voitures de nos colons passer rapidement au milieu de lourds chariots, de construction primitive, à roues pleines, taillées d’une seule pièce dans un tronc d’arbre, et traînées par des buffles. Ce véhicule criard, les clochettes et les grelots attachés aux extrémités des timons, inclinés à 45°, des voitures couvertes que des bœufs du Cambodge, dits bœufs coureurs, conduisent au trot et même au galop, font un bruit assourdissant capable de briser le tympan le moins délicat.

On rencontre encore à Saigon quelques vestiges des monuments ayant servi au culte bouddhiste, entre autres, une très-jolie petite pagode située au milieu de la ville, et qui sera bientôt un objet de curiosité cher aux archéologues, car les monuments annamites disparaissent avec rapidité pour faire place aux maisons particulières.

Visitons maintenons les édifices et établissements publics.

La cathédrale est d’une exiguïté qui n’est guère en rapport avec son titre pompeux. Mais elle a l’insigne honneur d’avoir été la première église chrétienne élevée sur cette terre dévolue si longtemps au paganisme le plus grossier, le plus abrutissant ; et si maintenant elle est écrasée par les constructions qui l’entourent, elle ressortait autrefois, alors qu’elle n’était entourée que de petites huttes, habitées par une population misérable qui s’était réfugiée sous l’égide de la croix. Le besoin d’une église plus grande se fait sentir, car beaucoup d’Annamites catholiques ne peuvent assister aux offices que du dehors.

L’hôtel du gouvernement est des plus modestes. Un autre, plus digne de sa destination et de la capitale de notre nouvelle colonie, est en projet.

L’imprimerie impériale, située tout près de l’hôtel du gouvernement, n’offre rien de remarquable.

L’hôtel de la direction de l’intérieur est terminé et occupé : c’est un grand bâtiment parfaitement aéré.