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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/564

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Un autre hôtel, qui certes ne manquera pas de pensionnaires, vient aussi d’être livré à sa destination. Je veux parler des nouvelles prisons, où les détenus seront assurément mieux logés, mieux nourris et mieux soignés que certains de leurs compatriotes libres. On n’a rien négligé pour adoucir leur captivité ; et si le sentiment de la liberté n’était pas très-développé chez les Annamites, beaucoup d’entre eux pourraient bien se faire emprisonner pour jouir d’un confortable qu’ils ne peuvent se procurer chez eux.

La direction de l’artillerie de la marine et des colonies, qui sera bientôt terminée, mérite une mention toute particulière. L’emplacement qu’elle occupe n’était autrefois qu’un vaste marais fangeux, traversé par plusieurs cours d’eau. On a dû remplacer cette vase par un terrain solide qu’il a fallu littéralement créer. Grâce à la puissante impulsion et à l’intelligente direction données aux travaux, marais et cours d’eau disparurent, des pilotis s’enfoncèrent, de solides bâtiments s’élevèrent, et des ateliers furent installés qui, aujourd’hui, fonctionnent parfaitement. Bientôt ces ateliers seront dotés de l’agent le plus puissant de l’industrie moderne : la vapeur. Ainsi sera atteint le louable but, poursuivi avec ardeur par les officiers supérieurs qui ont successivement commandé l’artillerie à Saigon, de doter notre jeune colonie d’une direction d’artillerie digne du grand rôle qu’elle peut être appelée à jouer en extrême Orient.

Un canal, dont chacune des extrémités communique avec le fleuve, traverse cet établissement et facilite le transport du matériel et des munitions nécessaires aux flottes françaises de Chine, du Japon et de Cochinchine.

L’artillerie possède une caserne spacieuse, parfaitement aérée, la seule qu’il y ait encore à Saigon, car on ne peut donner le nom de caserne aux cases du Camp des Lettrés qui servent de logement à l’infanterie de marine.

Les logements des officiers, surtout celui du directeur, très-bien situés sur un plateau, sont réputés les mieux entendus, les mieux aérés, les mieux appropriés aux exigences du climat, et partant les plus salubres de Saigon.

La direction des constructions navales doit être placée au premier rang des établissements de la colonie. Elle occupe un vaste terrain (un kilomètre de longueur sur une largeur moyenne de deux cent cinquante mètres), situé sur le fleuve et sur l’arroyo de l’Avalanche ; elle est séparée de la direction d’artillerie par un rectangle de trois cents mètres environ de longueur sur cent