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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/569

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rale et la plus charitable que nous ayons en Cochinchine, fut fondée en 1861 par les vertueuses et courageuses sœurs de Saint-Paul de Chartres, et placée sous le haut patronage de Sa Majesté l’impératrice des Français, la consolatrice de tant d’affligés, la mère de tant d’abandonnés ! Cet asile est ouvert non-seulement à tous les orphelins, mais encore à tous les enfants malheureux, quelle que soit la religion de leurs parents.

Les bonnes sœurs reçoivent les pauvres petits êtres abandonnés que la police, les soldats et les matelots trouvent dans leurs rondes ou dans leurs excursions, ainsi que ceux apportés, soit par un père infirme, soit par une mère veuve et privée de ressources, soit par de grands parents incapables de nourrir leurs petits enfants devenus orphelins. On a vu de pauvres petites créatures abandonnées, et sans doute bien conseillées, aller seules frapper à la porte de l’Asile. Les orphelins que fit la guerre trouvèrent les bras de la charité ouverts pour les recevoir, et les enfants des victimes de Bien-Hoa, de Baria, de Go-Cong, etc., ne furent pas délaissés. Grâce aux soins des bonnes sœurs, ces enfants sont propres et bien tenus ; tous travaillent et apprennent à lire le français et à compter. Les petites filles manient l’aiguille et sont initiées aux soins du ménage, à l’ordre et à la propreté, vertus bien rares chez les Annamites. Les petits garçons travaillent au jardin, font eux-mêmes leurs vêtements et les raccommodent. On emploie aussi leurs loisirs à la fabrication de cigares faits avec le tabac de Cochinchine.

Plus tard, quand ces enfants auront grandi, on leur fera apprendre un état capable de les mettre à même de gagner honorablement leur vie. Les jeunes filles seront libres de se retirer ou de rester dans la maison ; car la Sainte-Enfance a aussi ses novices, ses postulantes et même ses sœurs indigènes.

Outre les enfants abandonnés ou conduits par leurs parents, les dames de Saint-Paul de Chartres reçoivent des élèves qui payent leur entretien, les soins dont ils sont l’objet, et l’instruction qu’ils reçoivent. Cette école figure au budget local, pour une somme de 24,000 francs, répartie en cent bourses, ce qui augmente d’autant le nombre d’élèves. Cet établissement, sous le titre de pensionnat, est aussi ouvert aux enfants des Européens (jeunes filles) qui, pour un prix relativement modéré, recevront là des soins affectueux, une éducation morale et religieuse, une instruction élémentaire d’un certain degré, et l’enseignement des arts d’agrément.

Il nous reste à visiter un établissement qui jette sur la pensée