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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/570

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un sombre voile de tristesse ! C’est l’asile de la souffrance, de la douleur !

Ici encore, comme partout, nous trouvons la douceur, l’abnégation sans bornes, la bienfaisance et la charité sublimes sous les cornettes blanches des bonnes sœurs, qui, toujours là, près du lit du malade , l’encouragent par de douces paroles , et calment ses souffrances et son désespoir par des soins touchants ! Quel cœur ne serait ému à l’aspect de ces femmes sublimes qui consacrent leur vie au soulagement des souffrances humaines ! Admirables et saintes filles, vrais anges de la charité, dont les mains délicates ferment les blessures physiques, tandis que leur douce voix, écho d’un cœur qui déborde, et leurs chastes regards, souvent voilés de larmes, ferment les blessures morales !


II.


Sortons maintenant de Saigon et faisons une promenade dans les environs de la ville.

En remontant la rive gauche (Nord) de l’arroyo chinois, on suit un long quai, très-peuplé, très-animé et bordé de cases de chaque côté ; celles qui se trouvent situées du côté de l’arroyo sont littéralement sur l’eau, qui y pénètre même à marée haute. Ces cases forment douze villages : Càu-ong-lành[1], Càu-mui, Càu-khom, Càu-kho, Càu-ba-tim, Càu-sao, Càu-ba-do, Càu-moï, Cho-quan, Binh-yèn, Khanh-hoï et Vinh-hôï ; ces deux derniers sont sur la rive droite de l’arroyo.

Tous ces villages sont habités par des Annamites qui, ayant fui lors de la conquête, sont revenus plus tard, titres en main, réclamer leurs propriétés. Hâtons-nous d’ajouter que l’administration française a fait droit à leurs réclamations et les a fixés à Saigon.

En France, dix au moins de ces villages prendraient, les uns, le nom de faubourgs de Saigon, et les autres celui de faubourgs de Cholen (viile chinoise), car ils relient ces deux villes.

Nous ne nous arrêterons avec complaisance qu’à l’un de ces villages, celui qui occupe à peu près le milieu, Cho-quan, riant

  1. Càu, mot annamite qui signifie pont.