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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/577

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alors que ce prince, chassé par les rebelles Tay-son, errait dans les îles du golfe de Siam. Il engagea fortement son royal ami à solliciter l’appui de la cour de Versailles, et s’offrit à aller lui-même en France pour y négocier un traité d’alliance offensive et défensive entre Louis XVI et Gia-long. Il partit, en effet, accompagné du prince royal, et signa, au nom du monarque annamite, un traité en vertu duquel la France devait envoyer quatre frégates et mille six cents hommes au secours de celui-ci, qui, en retour, cédait à la France l’île de Poulo-Condor, le port de Tourane, et autorisait les Français à fonder sur le continent cochinchinois tous les établissements utiles à leur navigation et à leur commerce ; il leur accordait en outre une entière liberté, de commerce, de circulation, etc.

Mais, comme on le sait, le mauvais vouloir du comte de Conway, alors gouverneur des établissements français dans l’Inde, et les événements de 1789 ont empêché de donner suite à ce traité.

Cependant Mgr d’Adran avait quitté la France et s’était rendu dans l’Inde, où il attendait les secours promis ; il les demanda du comte de Conway d’abord, qui éluda la question, puis à la cour de Versailles, qui lui répondit : « Le roi a décidé que l’expédition de Cochinchine n’aurait pas lieu. »

Ce manque de parole de la part du gouvernement français attrista, humilia même le prélat, mais ne le découragea pas. Avec quelques officiers français et un certain nombre de matelots volontaires engagés dans l’Inde, il monta un bâtiment de commerce, se présenta devant Saigon et jeta l’épouvante parmi les troupes des Tay-son, en répandant le bruit que les soldats qu’il menait avec lui n’étaient que l’avant-garde des troupes nombreuses que le roi de France envoyait pour exterminer les rebelles.

Les troupes de Gia-long, organisées par les soins des officiers français arrivés avec le prélat, prirent l’offensive, pénétrèrent jusqu’à Hué et rétablirent l’autorité royale.

Alors Mgr d’Adran, aidé de ses compatriotes, introduisit dans le royaume d’Annam cette administration toute française dont s’étonnèrent tant nos compatriotes qui ont fait la conquête de la Basse-Cochinchine, et qui trouvèrent là toute notre hiérarchie municipale, depuis le maire et les conseillers municipaux jusqu’au préfet.

Après plusieurs succès éclatants, le parti des Tay-son fut entièrement détruit (1802). Mais l’illustre évêque qui avait tant contribué à asseoir Gia-long sur le trône de ses ancêtres, ne put