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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/579

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ornées de dessins variés, aux couleurs éclatantes, se mariant parfaitement avec les lanternes chinoises, les banderoles, les guirlandes et les enseignes des diverses corporations, chargées d’inscriptions en caractères dorés, qui flottent attachées à de grands mâts surmontés de tiges de bambous. Il faut aux Chinois beaucoup de brillant, beaucoup d’éclat. Du reste, ils ne reculent pas devant la dépense : certains négociants, plusieurs fois millionnaires, sacrifient volontiers bon nombre de piastres à la représentation ; et si leur ville a aujourd’hui un aspect si riant, c’est grâce sans doute à l’initiative et à l’intelligente direction de l’inspecteur des affaires chinoises ; mais c’est grâce aussi, et surtout aux sacrifices énormes que ces marchands intelligents, gens d’esprit et de pratique, ont su s’imposer. Beaucoup d’entre eux ont spontanément proposé de démolir leurs vieilles masures pour construire de jolis magasins, et offert de l’argent pour ouvrir ces belles rues et ces beaux quais qui charment les visiteurs.

Rien n’est plus pittoresque que le canal qui traverse la ville chinoise. 11 est constamment couvert d’embarcations, que des hommes, des femmes et des enfants habitent pêle-mêle. Leur barque est leur seule demeure.

Comme nous l’avons dit plus haut, Cholen, malgré ses embellissements, a conservé son cachet chinois, sa physionomie orientale, sa couleur locale, enfin. On y trouve encore un grand nombre de pagodes, avec leurs idoles, leurs monstres hideux et leurs inscriptions, que je suis désolé de ne pouvoir déchiffrer. Il est curieux de voir l’Occident, représenté par nos soldats insouciants, rire de bon cœur devant un gros Bouddha joufflu, qui, couché paresseusement, semble symboliser l’Orient. Presque toutes ces pagodes sont abandonnées et servent d’habitations à des chauve-souris (roussettes), énormes vampires parfaitement inoffensifs, malgré le nom sinistre qu’ils portent.

Parmi les monuments de Cholen, il faut citer la Grande Pagode, chef-d’œuvre du genre, dédiée à la déesse Kwang-chiu Way-quan, patronne des navigateurs et des voyageurs. Nous ne dirons pas : « Ce ne sont que festons, ce ne sont qu’astragales », mais nous dirons que l’on trouve dans l’intérieur de curieux décors, des peintures et des statues très-originales, dont quelques-unes grotesques : un gros Bouddha en bronze doré, une gigantesque déesse, des statuettes en grand nombre, des inscriptions dorées, un plafond à fresque, des frises et des bas-reliefs qui méritent d’être étudiés, surtout ceux de l’extérieur, en terre artistement moulée, cuite, vernie et coloriée, représentant des montagnes,