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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/580

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550 des arbres, des fleurs, des papillons, des insectes, des oiseaux, des palais, des pagodes, des personnages bizarres, affectant toutes les poses, depuis celles du repos et de la table jusqu’à celle du combat, soit à pied, soit à cheval ; des monstres, des dragons et autres animaux horribles et fantastiques, tels que l’imagination européenne la plus vive n’en a jamais rêvés ; des démons à tête hideuse, aux membres difformes, disposés de la façon la plus bizarre, affectant des attitudes singulières. Enfin ce curieux spécimen de l’architecture chinoise est digne en tous points de l’attention des archéologues, et mérite certainement les honneurs d’une étude spéciale faite par un homme compétent.

En voyant les nombreux malheureux qui mendient à la porte de ce monument, on regrette l’absence d’un hôpital. Les Chinois qui possèdent au plus haut degré l’esprit d’association, de coalition, qui ont su inventer les monts-de-piété et la banque, n’ont pas encore su organiser des hôpitaux. C’est que cette institution découle d’une vertu éminemment chrétienne : la charité. On s’occupe actuellement de la construction d’un hôpital.

Une chose qu’il ne faut pas omettre de classer parmi les curiosités utiles de la Ville Chinoise, c’est le puits renommé, connu sous le nom de Puits de l'évêque d’Adran, qui est creusé au milieu de l’arroyo, et dont l’excellente eau est transportée par des barques dans toute la partie S.-O. de la province de Saigon, et quelquefois même jusqu’à Mitho. Ce puits parait être un îlot, une motte de terre couverte de verdure et flottant sur l’eau. Il est constamment entouré de barques faisant leur provision pour aller apaiser la soif de ceux qui, habitant les plaines basses et marécageuses, n’ont pas d’eau potable.

Cholen compte environ 40,000 habitants, parmi lesquels ne se trouve pas un seul catholique. Presque tous sont commerçants ou ouvriers ; mais ce sont les Chinois qui ont le monopole du haut commerce, non seulement de Saigon, mais encore de toute la Cochinchine. Ils se préparent même à soutenir la concurrence que les Européens pourraient leur faire ; et c’est dans ce but qu’ils ont commandé en France plusieurs petits bateaux à vapeur. Comme on le voit, ces négociants, non-seulement se prêtent à toutes les mesures concernant leur petite cité, mais ils se plient aussi, avec une surprenante facilité et une rare intelligence, à nos idées, à notre civilisation. Ils se montrent très-attachés aux destinées et aux intérêts de notre jeune colonie. Celle-ci peut compter sur leur concours sérieux et sur leur dévouement, car son avenir est aussi le leur.