l’Orient ; toutes les données historiques que j’ai recueillies me les montrent au contraire venant du Soudan occidental, du Sénégal ; et cependant je dois avouer qu’ils ont des points de ressemblance avec des populations de l’Asie et qu’ils n’en ont pas avec les races de la Sénégambie. » Barth se demande enfin si les Pouls n’auraient pas formé autrefois la masse de la population de l'empire de Ghana, d’où ils auraient été repoussés vers le Sud, jusqu’au Sénégal, par les Berbers, pour s’élancer de là, plus tard, vers l’Est, à la conquête du Soudan. La seule raison qu’il donne, du reste, à l’appui de son hypothèse, c’est le nom du premier roi de Ghana, qui aurait été Ouakadja-Manga, Manga voulant dire grand chef, en langue poule.
Cet empire de Ghana était un grand État soudanien, situé sur l’emplacement actuel de Tombouctou et des provinces voisines, c’est-à-dire vers le grand coude septentrional du Niger, à la lisière du Sahara. Ce fut le premier État que rencontrèrent les Berbers, lorsqu’ils eurent franchi les solitudes du grand désert. L’existence de cet empire nous est signalée historiquement à partir du quatrième siècle de notre ère, par un ouvrage de Ahmed Baba, historien indigène de Tombouctou, qui vivait dans le seizième siècle. M. William Desborough Cooley a donné sur Ghana, dans son ouvrage intitulé The Negro-land of the Arabs, de nombreux détails puisés dans El-Bekri, Ibn-Khaldoun et Léon l’Africain.
Nous avons nous-même autrefois émis cette opinion, que les gens de Ghana étaient peut-être des Pouls ; mais c’était uniquement par induction. En effet, la race poule s’éloignant moins de la race blanche que les nègres, il était assez naturel, ne connaissant pas son berceau, de le chercher à la frontière du pays des nègres la plus rapprochée du pays des blancs ; mais des recherches ultérieures et des considérations sérieuses nous ont fait depuis rejeter cette hypothèse.
Si les Pouls avaient été le peuple de Ghana, il serait difficile d’expliquer comment, après avoir dominé il y a quatorze siècles le Soudan occidental, ils seraient redevenus ensuite de simples bandes de bergers errant comme tributaires sur les territoires des différents rois nègres. Or c'est ainsi que nous les montrent les renseignements historiques et les légendes qui les concernent ; car, bien que ces documents nous apprennent que des fractions de cette race jouèrent quelquefois un certain rôle dans les guerres de religion qui bouleversèrent continuellement ces contrées depuis le onzième siècle, il est certain