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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/703

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qu’ils ne conquirent que plus tard leur indépendance, sous forme d’agglomération nombreuse, sur les bords du Sénégal, dans le seizième siècle, et qu’ils ne fondèrent d’États puissants que dans la seconde moitié du siècle dernier.

Les gens de Ghana n’étaient pas des Pouls, comme le suppose Barth ; c’étaient des Soninké, race tout à fait noire et aborigène, et nous croyons avoir retrouvé et suivi les traces de ce peuple dans sa retraite vers le Sud, d’abord devant les Berbers, et plus tard devant les musulmans de toute race, lors de l’invasion de l’islam dans le Sahara. Cette retraite eut lieu surtout à la formation de la congrégation des marabouts (morabites, morabtins, almoravides), née sur les bords du Sénégal, au onzième siècle, chez les Lemtouna, tribus des Berbers Zenaga, qui imprima une énergie nouvelle à la fureur du prosélytisme des Berbers, chez lesquels, il faut le dire, le fanatisme servait bien souvent de masque à l’avidité et au désir de faire des esclaves noirs pour en alimenter les marchés du Nord.

Finissons-en avec cette question de Ghana, puisqu’elle s’est présentée à nous. Nous disons donc que les Soninké formaient le peuple dominant de Ghana ; ils eurent, à partir du quatrième siècle de notre ère, une longue série de rois nationaux. Dans le onzième siècle, ils furent refoulés par les tribus berbères Zenata, qui étaient alors maîtresses de Sidjilmessa (Tafilelt), métropole des colonies berbères du Sahara. Le siège du gouvernement de Ghana fut alors transféré à Aoukar (Oualata, Birou), à une centaine de lieues à l’Ouest de Tombouctou. Là les Soninké se trouvèrent en présence des Berbers-Zenaga, les Molaththemin, les voilés, du mot litham, voile qui couvre la figure et que portent encore les Touaregs, qui sont de race zenaga.

Dans le treizième siècle, ces Soninké furent dépossédés par le conquérant Mali, chef de la puissante nation noire, analogue aux Soninké, que nous appelons Malinké on Mandingue, dont le berceau est le versant Nord des montagnes de Kong et du Fouta-Dialon, et dont le nom dans les anciens documents arabes est Ouangara.

Les Pouls sont une race de pasteurs, d’une grande finesse de formes, d’une agilité prodigieuse, d’un caractère ordinairement doux, mais passionné, et d’une imagination exaltée. Nous pensons qu’ils sont venus au moins des parties orientales de l’Afrique, de la haute Égypte, peut-être de plus loin. Ils se répandirent jusqu’au Soudan occidental, où ils importèrent avec eux le grand bœuf à bosse et une espèce remarquable de moutons