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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/704

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à poils ; animaux qui ne sont pas originaires de cette partie de l’Afrique.

Ils s’établirent victorieusement dans le Fouta-Toro, sur les bords du Sénégal, au seizième siècle, et là se passa un phénomène physiologique remarquable. Les Pouls, qui, purs, avaient semblé ne pas avoir les facultés nécessaires pour fonder de grandes sociétés politiques, les Pouls se croisèrent (Toucouleurs) avec les nègres Ouolofs et Mandingues, qu’ils avaient vaincus, et le nouvel élément apporta à la race mélangée des idées plus positives et plus pratiques, plus d’esprit de subordination, un plus grand développement musculaire, et l’amour du sol et de l’agriculture. Cette modification sembla rendre les Toucouleurs du Fouta-Toro capables de créer de puissants empires, dès que, convertis à l’islamisme au dix-huitième siècle, l’enthousiasme religieux leur eut donné la force d’impulsion, l’élan nécessaire pour conquérir de vastes territoires.

Passons rapidement en revue leurs succès et leurs luttes, dont Barth a beaucoup parlé dans sa relation, et dont MM. Mage et Quintin nous apportent les nouvelles les plus récentes.

Les Torodo du Sénégal, c’est-à-dire l’aristocratie religieuse des Toucouleurs ou Pouls mêlée de noirs, se constituèrent au dix-huitième siècle, sous Abdou-el-Kader du Fouta-Toro, eu une puissante théocratie qui domina tout le bassin du Sénégal. La facilité qu’ils eurent à se procurer, dans les comptoirs français voisins, des armes à feu et des munitions de guerre, leur assura une grande supériorité sur les nations noires de l’intérieur et leur permit de jouer dès lors, dans cette partie de l’Afrique, un rôle prépondérant.

En effet, après Abdou-el-Kader, c’est-à-dire à la fin du dix-huitième siècle, un autre marabout, aussi originaire du Fouta sénégalais, le célèbre Othman dan Fodie, fondait entre le Niger et le lac Tchad le grand empire Poul de l’Est, sur les ruines de Haoussa et des pays voisins. Son fils et successeur, Mohammed Bello, recevait en 1825 les voyageurs anglais Denham et Clapperton, qui firent connaître les premiers en Europe l’histoire de la fondation de ce nouvel empire.

De nos jours, cet empire Poul oriental peut être regardé comme définitivement assis, quoiqu’il ait encore à repousser de temps en temps, surtout sur ses frontières, des soulèvements des anciennes populations dominantes. C’est donc dans de bonnes conditions et dans une période de tranquillité relative, succédant à la grande révolution qui a intronisé définitivement