Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/706

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blent cependant pas aux races nègres inférieures de certaines parties de l’Afrique ; ainsi ils ont le nez osseux et bien développé. Il y a de même une énorme distance morale entre eux et ces nègres sauvages de la côte de Guinée, qui sont encore anthropophages.

Sous le rapport des institutions, ils étaient aussi beaucoup au-dessus de ces rois des Achantis et de Dahomey, qui, encore aujourd’hui, font horreur au monde entier avec leurs cruelles superstitions accompagnées d’hécatombes humaines. 11 est bien vrai que l’histoire de Kaarta et de Ségou relate dans le passé des faits analogues à ces sacrifices ; car les enceintes de certains de leurs villages fortifiés auraient eu pour fondements les cadavres de nombreux esclaves massacrés ad hoc par suite d’une idée superstitieuse ; mais cela date de loin.

Quoi qu’il en soit, ces deux États étaient, de nos jours, deux monarchies absolues, guerrières, ayant une organisation matérielle assez puissante, et même une espèce d’armée permanente.

Malheureusement tout ce système était basé sur l’esclavage ; l’armée ne se composait que d’esclaves, chefs compris. On comprend de suite que de pareils esclaves, les chefs surtout, ne peuvent être assimilés à l’esclave travailleur, courbé sur son sillon, sous le fouet d’un surveillant ; ces esclaves guerriers ont eux-mêmes des esclaves travailleurs.

Dans les États constitués de cette façon les révoltes de l’armée devaient être la pierre d’achoppement, et elles y avaient ce singulier résultat, quand elles réussissaient, d’intervertir les rôles ; les esclaves devenaient les maîtres, et vice versa. C’est ce qui arriva à Ségou dans le dix-huitième siècle.

La plupart des chefs de ces États, fondés sur la seule force brutale, étaient profondément vicieux, et il suffit pour s’en convaincre de lire la relation du voyage de Raffenel dans le Kaarta, en 1847.

Ces empires redoutés au loin, devaient, au grand étonnement des peuples habitués à trembler devant eux, s’évanouir, disparaître en un rien de temps devant une idée : l’idée musulmane, c’est-à-dire l’idée de la justice, de l’égalité devant la loi, qui, pour les croyants, est la loi de Dieu lui-même.

Les instruments de cette exécution furent les enthousiastes disciples d’un simple paysan de Podor, El Hadj Omar, qui était allé se préparer à la Mecque à jouer le rôle d’exterminateur des despotes infidèles du Soudan.