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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/708

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MM. Mage et Quintin, arrivés à Ségou le 28 février 1864, après avoir passé par Bafoulabé, Koundian, le Diangounté et Niamina, furent très-bien reçus par Ahmédou-el-Mekki, roi de Ségou, fils d’El Hadj Omar. La mère d’Ahmédou est la sœur du roi Aliou. Il y a donc aujourd’hui proche parenté entre les chefs des deux grands empire Pouls. El Hadj Omar venait d’être pris et tué dans Hamdou Allah, capitale du Macina, ce que son fils niait et ce que (chose plus extraordinaire) il nie encore aujourd’hui, tant il comprend que la croyance à l’existence de son père est nécessaire pour maintenir dans l’obéissance les peuples soumis par lui, ou du moins pour diminuer l’audace des révoltés contre l’empire qu’il a fondé.

À la fin de 1864, nos voyageurs avaient envoyé deux courriers à Saint-Louis. Ils furent réexpédiés aussitôt pour Ségou, avec des lettres et des présents adressés à Ahmédou pour qu’il assurât le retour de ces messieurs. Mais les courriers furent obligés de s’arrêter à Nioro, ancienne capitale du Kaarta et chef-lieu de province du nouvel empire ; il était impossible de communiquer de ce point avec Ségou par suite de la révolte de la province du Bakhounou, alliée à la puissante tribu arabe des Ouled Embarek. M. le lieutenant de spahis Perraud retrouva encore ces courriers à Nioro, le 10 février 1865.

Autour même de Ségou, les Bambaras venaient alors de se révolter sous les ordres de Mari, dernier fils ou neveu de Mansong, ce roi qui régnait à Ségou lorsqu’y passa Mungo Park, et qui mourut en 1800. Depuis lors, neuf ou dix de ses fils ou neveux avaient régné à Ségou jusqu’au moment où El Hadj Omar prit cette ville en 1861.

En février 1865, Mari vint avec douze mille hommes s’établir dans un village à huit lieues de Ségou ; Ahmédou se mit lui-même a la tète de ces forces et alla livrer bataille à l’ennemi qu’il vainquit. M. Mage prit part au combat avec sa petite troupe, dont un homme fut tué. S’il agit ainsi, c’est qu’il y avait autour du roi un parti hostile aux Français, dont il était nécessaire de déjouer les mauvais desseins. Trois mille cinq cents hommes Bambaras furent tués, et environ trois mille femmes prises. L’armée d’Ahmédou perdit très-peu de monde. La conduite de nos gens, qu’on voulait faire passer pour des espions et des traîtres, commença à ramener à eux les esprits.

À ce moment, l’état seul des routes de l’Ouest, qui étaient au pouvoir des révoltés, empêchait nos officiers de revenir.

En avril 1865, le roi Ahmédou alla attaquer le village de Dina,