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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/709

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en face de Koulikoro, village situé sur le Niger, en amont de Ségou, entre Bammakou et Niamina. M. Mage entra un des premiers dans l’enceinte et fut légèrement blessé. Ahmadou, en le remerciant et le félicitant, le supplia de ne plus s’exposer ainsi.

De juin en septembre 1865, Ahmédou et toutes ses forces assiégèrent le grand village de Sansandig sur le Niger, en aval de Tombouctou. On y resta soixante-douze jours en plein hivernage et soumis à bien des privations. Nos Français souffrirent surtout de la privation du lait ; c’était l’aliment qui les soutenait le mieux.

Après de nombreuses sorties repoussées et de non moins nombreux assauts infructueux, le village se trouvait réduit à une horrible famine, lorsqu’une armée de secours de dix mille hommes vint livrer bataille aux assiégeants. La victoire fut indécise ; le terrain resta à Ahmédou, mais l’armée ennemie parvint à se jeter dans la place le surlendemain ; puis il y eut une sortie générale qui fut vigoureusement repoussée. On croyait déjà la ville prise, lorsque, pendant la nuit, le siège fut précipitamment levé, et l’armée décampa en désordre sur le bruit que Mari menaçait Ségou.

Les blessés furent transportés de Sansandig à Ségou par des embarcations sur le Niger avec M. Quintin. M. Mage se trouva séparé du roi qu’il ne retrouva que le lendemain. Il rentra à Ségou malade et découragé ; c'est sans doute alors que prirent naissance les bruits de sa mort, qui parvinrent jusqu’en France. Mais bientôt il apprend que ses envoyés, de retour de Saint-Louis, ne sont plus qu’à huit jours de marche de Niamina, et cela lui rend aussitôt l’espoir et la santé.

Malheureusement alors, l’armée d’Ahmédou était encore en campagne, et ne rentra qu’un mois après. A son retour, sur la demande de M. Mage, et d’après la lettre qu’il avait reçue du gouverneur du Sénégal, le roi promit que, deux mois après, il enverrait une force suffisante dans le Kaarta, pour servir d’escorte à nos deux officiers. Il tint sa parole, et le 7 juin 1866, MM. Mage et Quintin se mettaient en route pour effectuer leur voyage de retour avec un cousin germain d’Ahmédou et quatre cents cavaliers d’escorte. Ce parent du roi venait faire un recrutement dans le Kaarta.

Après vingt et un jours de marche, nos voyageurs arrivaient à Médine et trouvaient auprès de leurs camarades du Sénégal le chaleureux accueil que méritaient tant de courage et de souffrances.