Page:Revue mensuelle de l’École d’anthropologie de Paris, année 7, tome 7, 1897.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

283
P. SALMON. — L’ATLANTIDE ET LE RENNE

Peut-on considérer la disparition de cet animal comme étant la conséquence du réchauffement de notre climat par le Gulf-Stream ?

Peut-on penser que l’Atlantide ou mieux sa dernière partie soit restée soudée à la péninsule ibérique jusqu’au moment où le renne nous a quittés ?

À ces trois questions nous croyons qu’on peut répondre oui, sans témérité.

Et la destruction de l’Atlantide, pour ainsi dire, n’est pas encore achevée, car elle continue sur nos rives océaniennes à raison de quinze hectares environ par an.

Le chemin de l’Amérique s’est ainsi perdu sous les yeux de nos Magdaléniens et leurs fils ont vu une autre voie s’ouvrir à leur activité, mais vers le nord-est, sous l’influence de l’adoucissement qui mettait le renne en fuite ; on peut les suivre avec leur faune et leur industrie finissante le long des rivages ou des glaciers fondus de l’ancienne mer du Nord et en Russie, à Bologoje, plus loin encore, si nous sommes bien informés.

Les dolichocéphales et les brachycéphales avaient commencé à marcher en sens inverse à la rencontre les uns des autres. Ce fait n’est point étranger à notre sujet.

La véritable zone de séparation de l’Europe et de l’Asie n’était point constituée, écrit El. Reclus (I, 10), par des systèmes de montagnes, mais au contraire par une série de dépressions jadis remplies en entier par le bras de mer qui joignait la Méditerranée à l’Océan Glacial.

Impossible par conséquent, dit Georges Hervé (cours cité), d’admettre des migrations asiatiques au pliocène ou pendant l’affaissement du sol du quaternaire inférieur.

S’il est vrai géologiquement que, comme contre-partie des affaissements océaniens dans lesquels l’Atlantide a sombré, un soulèvement européo-asiatique a fait remonter au jour des régions sous-marines considérables, depuis le golfe d’Obi au nord jusqu’à l’Asie Mineure au sud, on aurait ainsi l’explication de la barrière antérieure, alors disparue, qui aurait retardé le contact de la race à crâne long et de la race à crâne court.

Enfin, si le grand phénomène atlantique s’était achevé à l’époque magdalénienne, avec le départ du renne, le contact des deux races aurait à son tour une facile explication, au moyen de leur rencontre sur un itinéraire connu, l’une conduite du sud-ouest au nord-est par la faune émigrante, l’autre du nord-est au sud-ouest, après avoir pu franchir les passages desséchés entre le golfe d’Obi et la Mer Noire.

Nous sommes parvenus aux temps mésolithiques et la période néolithique va commencer avec l’industrie campignienne qui se mêle au magdalénien prolongé. Les tranchets qui sont le type principal du campignien sont-ils dus à l’invention des enfants de nos indigènes occidentaux, comme l’ont écrit les savants danois ? Cet instrument caractéristique nouveau est-il l’œuvre probable des brachycéphales orientaux, comme Georges Hervé l’a indiqué dans son cours ? Quoi qu’il en soit, actuellement, la traînée campignienne se peut suivre depuis les Pyrénées (le Mas d’Azil) à travers la