Page:Revue militaires suisse - 47e année - 1902.djvu/452

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mouvoir au milieu d’une sorte de ceinture de protection constituée par des détachements qui l’entoureront, créant autour d’elles comme une atmosphère de sécurité. Prenant une comparaison dans la guerre de siège, à laquelle on est ramené aujourd’hui à chaque instant, chaque fois qu’on parle de la guerre de campagne, nous dirons qu’une armée en marche ressemblera à un camp retranché à noyau central qui se déplacerait tout entier.

Que cet ensemble se heurte à un ensemble analogue venant à sa rencontre, ou qu’il s’achoppe à une position défensivement occupée, toujours est-il que, à un moment donné, des projectiles accueilleront ses fractions les plus avancées. Celles-ci seront contraintes de s’arrêter et de se terrer. L’infanterie s’égrènera en tirailleurs ; mais ceux-ci ne formeront plus une ligne continue. De même qu’on a renoncé à élever autour des places investies une contrevallation d’un seul tenant formant une sorte de muraille de Chine, on répartira les tirailleurs par petits paquets plus ou moins rapprochés, plus ou moins denses, suivant les circonstances, c’est-à-dire d’après les formes du terrain et les abris qu’il offre, sans aucune recherche d’alignement et sans autre préoccupation que d’assurer la sécurité des tireurs et de donner par là, à ceux-ci le calme dont ils ont besoin pour faire un bon usage de leur arme, chaque groupe, d’ailleurs, étant placé de façon à pouvoir flanquer les groupes voisins.

L’ensemble des points occupés formera une ligne sinueuse, mais sans saillants ni rentrants accentués, parce que les pointes donneraient prise aux feux convergents de l’ennemi, et les creux ne permettraient pas un bon emploi du fusil, le champ de visée et d’action se trouvant très rétréci.

À ce moment, le commandement aura à décider s’il veut engager la lutte ou non. S’il y renonce, il ne fera pas soutenir les fractions qui se sont déployées et il leur prescrira de se retirer soit en se glissant par des cheminements qui les dérobent aux vues, soit en profitant de la nuit, le mouvement devant s’effectuer simultanément, s’il a lieu dans le jour, pour que certains groupes ne restent pas isolés et privés du flanquement de leurs voisins, ce qui les exposerait à être cernés et anéantis.

Si le chef qui est en arrière de la ligne jalonnée prend le