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Page:Revue pédagogique, année 1925.djvu/307

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Mme PAULINE KERGOMARD

Ces méthodes, à son avis, doivent donner à l’enfant toute liberté de s’épanouir. Ce qu’elle reproche le plus sévèrement aux salles d’asile, c’est la contrainte qu’elles imposent aux pauvres petits ; ce sont les gradins ’où ils sont entassés sans pouvoir bouger ; c’est la discipline impérative qui les oblige à marcher en frappant du pied sur un rythme lourd et monotone, à partir et à s’arrêter au signal d’un claquoir. Ce qu’elle rêve, au contraire, c’est une « maternelle » où les enfants évoluent librement autour d’un mobilier adapté à leur taille ; c’est une discipline assez libérale pour tenir compte de leur besoin de mouvement ; c’est un régime où les maîtresses savent obtenir par leur entrain et leur gaieté l’adhésion de tous aux exercices et aux jeux collectifs. Dans un article qu’elle publiait en 1909, Mme Kergomard, résumant trente années d’expérience, écrivait que la « maternelle » devait être « l’initiatrice de la moralité par la joie ». Mais ce mot ne disait pas toute sa pensée ; pour elle, c’est à la santé physique et c’est à la curiosité intellectuelle, en même temps qu’à la moralité, que la maternelle doit conduire l’enfant par la liberté et par la jolie.

Ai-je besoin, Mesdames et Messieurs, de marquer l’originalité de cette doctrine ? On l’a rapprochée de celle de Frœbel. Et Mme Kergomard reconnaissait volontiers qu’elle avait emprunté au pédagogue allemand tout ce qu’elle avait trouvé chez lui d’assimilable pour nous. Mais, à ses yeux, le fræœbelianisme n’accorde pas assez à la libre spontanéité de l’enfant. Dans telle de ses conférences, vous trouveriez la métaphore fameuse qui est au fond de la théorie des « Jardins d’enfants » : l’enfant est une fleur que l’éducateur doit cultiver. Mais la métaphore, si gracieuse qu’elle paraisse, est boîteuse. C’est du dehors que le jardinier cultive la fleur ; c’est par le dedans que l’éducateur doit agir sur l’enfant. La plante subit les caprices du jardinier qui lui impose des métamorphoses artificielles ; l’éducateur doit respecter la personnalité de l’enfant. À la fin de sa carrière, Mme Kergomard reprochait vivement, sinon à Frœbel, du moins à certains de ses disciples allemands de réduire l’éducation à un dressage mécanique. Rien n’était plus éloigné de sa propre pensée.

Plus proche de cette pensée serait peut-être celle de Mme Mon-