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REVUE PÉDAGOGIQUE.

dans la science pédagogique depuis la Renaissance, ce lien plus ou moins serré qu’établit la communauté d’une vue de principe. Or, de l’aveu de tous, le but de l’éducation, c’est le développement harmonique et complet de l’enfant ; le point de départ, la connaissance de sa nature ; le moyen, une méthode appropriée à cette nature.

Que doivent apprendre les enfants ? demandait-on à un roi de Sparte, Agésilas. — Ce qu’ils doivent faire étant hommes, répondit-il. Le moyen âge avait trop oublié cette vérité de sens commun. Il avait trop sacrifié le corps à l’esprit, et, dans la culture de l’esprit, la volonté à l’intelligence, l’intelligence à la mémoire ; il avait trop exclusivement considéré l’instruction en elle-même, non comme un moyen, mais comme un but. Il fallait réagir contre cette erreur, « Quel dommage, s’écrie Montaigne, si l’instruction ne nous apprend ni à bien penser ni à bien faire ! Le gain de nostre étude, c’est en être devenu meilleur et plus sage. » C’est ce que répétait plus tard l’auteur de la Logique de Port-Royal : « On se sert de la raison pour acquérir les sciences, et on devrait, au contraire, se servir des sciences pour perfectionner sa raison… Les hommes ne sont pas nés pour employer leur temps à mesurer des lignes, à examiner les rapports des angles, à considérer les divers mouvements de la matière. Leur esprit est trop grand, leur vie trop courte, leur temps trop précieux pour l’occuper à de si petits objets : mais ils sont obligés d’être justes, équitables, judicieux dans tous leurs discours, dans toutes les actions, et dans toutes les affaires qu’ils manient ; et c’est à quoi ils doivent particulièrement s’exercer et se former. » Et Rollin ne parle pas autrement : « Les connaissances que l’instruction nous procure sont utiles et estimables, mais