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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/330

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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

comme une partie d’eux-mêmes, et ceux-ci aiment leurs parents comme tenant d’eux une partie de ce qu’ils sont. Mais les parents connaissent mieux ce qui vient d’eux que les enfants ne savent ce qu’ils tiennent de leurs parents ; et il y a un rapprochement naturel plus intime de la part de l’être qui a donné la vie à celui qui l’a reçue, qu’il n’y en a de ce dernier à l’auteur de son existence… La différence du temps est encore à considérer : car ceux qui ont donné la vie à d’autres êtres les chérissent dès l’instant même de leur naissance ; mais ce n’est que lorsqu’ils sont un peu avancés dans la vie, lorsque leur intelligence et leur sensibilité ont acquis un certain développement, que les enfants chérissent les auteurs de leurs jours[1]. »

En dehors de sa famille, Aristote a pratiqué lui-même l’art si difficile d’élever l’enfance. En 343, Philippe le chargea de l’éducation d’Alexandre ; ce prince avait treize ans, et il resta pendant près de quatre ans confié aux soins du philosophe. L’affection qu’il lui conserva est la meilleure preuve qu’il avait trouvé en lui non-seulement un professeur habile, mais surtout un maître sympathique. Si la lettre de Bossuet au pape Innocent sur les études du dauphin fils de Louis XIV nous présente un vif intérêt, combien nous devons regretter qu’Aristote ne nous ait pas laissé un exposé des méthodes qu’il suivit pour former l’intelligence et le cœur de son illustre élève. Du moins on trouve dans l’histoire des renseignements et des faits qui permettent de conjecturer ce que fut cette éducation : tels sont le culte qu’Alexandre professait pour Homère, le respect qu’il montra dans le sac de Thèbes pour la maison

  1. Ethic., p. 181.