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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/352

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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

à la direction des maîtres, se porte presque toujours ailleurs, et les leçons héroïques de Corneille, les séductions passionnées de Racine, l’éloquence de Cicéron, le patriotisme de Démosthène, après avoir obtenu un moment leur attention, la cèdent bien vite aux récits des condisciples, aux souvenirs de la famille, aux réalités de la vie pratique ; les conversations des écoliers entre eux en sont la meilleure preuve. Toutes ces observations s’appliquent bien mieux encore à la musique : les impressions morales que font naître dans l’âme des enfants les productions de cet art sont variées, comme le dit Aristote, et parfois très-vives, mais aussi très-passagères ; pour qu’elles fussent durables, il faudrait que la musique occupât toute leur vie.

On l’a remarqué souvent et avec beaucoup de justesse : l’homme, en présence des œuvres de la littérature et des arts, peut se transformer et revêtir, mais pour quelques instants seulement, un caractère tout à fait différent de celui qu’il a dans la vie réelle. Tel qu’ont profondément ému les plus nobles passions que le poëte a exprimées dans ses vers, le musicien dans ses harmonies, une fois sorti d’un spectacle ou d’une lecture, se laisse presque aussitôt reprendre par des passions tout opposées. Admirer la vertu au théâtre n’est pas toujours une raison pour la pratiquer dans le monde. Cependant il faut reconnaître que le goût des spectacles grossiers et corrompus, de la musique vulgaire et sensuelle, indique de regrettables habitudes morales, s’il ne les produit pas. En somme, l’action est réciproque, quoique inégale de chaque côté. C’est pourquoi cette question de la musique doit occuper la pédagogie, sans réclamer toutefois autant d’attention qu’Aristote lui en accorde.

Notre philosophe se demande s’il faut que les jeunes