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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/353

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

gens apprennent la musique en s’exerçant à chanter eux-mêmes et à jouer des instruments. « Il est, dit-il, aisé de voir que, pour acquérir les qualités que donne un art quelconque, il importe beaucoup de le pratiquer ; car c’est une chose impossible, ou du moins fort difficile, que d’être bon juge dans cet art quand on ne le pratique pas soi-même[1]. » Mais les exercices musicaux ne doivent pas faire contracter aux jeunes gens des goûts qui seraient un obstacle pour les occupations auxquelles ils auraient à se livrer dans la suite, ni donner à leur corps des habitudes qui le rendraient impropre à des travaux plus sérieux. Ils ne chercheront donc en ce genre d’étude « ni à acquérir le degré de talent qui est nécessaire pour figurer dans les concours, ni à exécuter ces tours de force qui étonnent et sont une pure superfluité[2]. » Ils n’étudieront que les instruments capables de les rendre auditeurs intelligents. La flûte, en particulier, doit être écartée ; elle n’est propre qu’à exciter dans l’âme des sentiments violents[3] ; elle exige des efforts qui rendent le visage difforme ; aussi Minerve, à qui l’invention en est due, la brisa et la rejeta elle-même, (comme Alcibiade le fit plus tard, suivant le récit de Plutarque) ; enfin, elle ne contribue en rien à perfectionner l’intelligence ni le cœur, pas plus que ces instruments autrefois en vogue, maintenant dédaignés, les pectides, les barbites, les sambyques, qui réclament une pratique assidue de la main, et ne procurent que des sensations de plaisir assez méprisables[4].

Une lacune, jusqu’à présent irréparable, met fin au der-

  1. Polit., p. 266.
  2. Ibid., p. 268.
  3. Ibid.
  4. Ibid., p. 269.