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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/465

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

dit-il, rien ne mène plus sûrement à la vertu que l’exercice et l’habitude ; je vais vous en convaincre à l’instant. Alors il fait paraître les deux chiens ; il place devant eux d’un côté un lièvre vivant, de l’autre un plat de viande. L’un des chiens court au lièvre et l’autre au plat. Les Lacédémoniens ne comprenaient pas encore le dessein de Lycurgue. Ces deux chiens, ajouta-t-il alors, qui ont une origine commune, ayant reçu une éducation différente, l’un est devenu gourmand, et l’autre chasseur[1]. »

Si la mauvaise éducation peut gâter les natures les mieux douées, la bonne éducation peut corriger aussi les plus défectueuses. Plutarque, pour montrer la puissance de l’industrie humaine, cite l’exemple des roues de voiture, courbées par le travail du carrossier, et dont le bois ne pourrait, quoi qu’on fasse, reprendre sa rigidité primitive ; et il exprime ensuite cette idée assez profonde, que « ce qui est fait à l’encontre de la nature est confirmé par l’action des forces naturelles[2] ». C’est ainsi que l’énergie passionnée de certains caractères portés au mal peut se trouver employée pour le bien, grâce à une éducation habile qui la dirige dans une autre voie sans l’amortir. Grande vérité d’observation, dont nos lois pénales qui se rapportent à l’enfance ne tiennent pas assez de compte ! Si les maisons de correction étaient surtout des maisons d’éducation, et si, au lieu d’imposer aux malheureux enfants qu’on y enferme une règle dure et uniforme qui ne garantit que les apparences et n’atteint pas le développement latent des mauvaises habitudes dans des âmes naturellement énergiques, mais vicieuses, on savait agir sur ces habitudes pour

  1. De Liber. Educ., p. 5.
  2. Ibid., p. 4.