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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/6

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LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

telligence enfantine, pleine d’idées qui lui sont venues au hasard et sans suite, a besoin de mettre de l’ordre dans cette extrême confusion, de relier toutes ces incohérences, de corriger aussi toutes les erreurs que son raisonnement primitif, et encore latent, lui a fait commettre. Car l’erreur est tellement notre péché originel que l’homme, aussitôt qu’il raisonne, commence à se tromper. Il ne suffit pas de débrouiller les premières idées de l’enfant : il faut lui en donner d’autres, que l’esprit humain doit, non plus à la nature seule, mais à ses propres efforts, efforts qui ont fait sortir de l’ignorance, qui ont constitué, qui ont développé, et qui développeront à l’infini ce qu’on appelle la science.

Former le corps, former les facultés morales, former l’intelligence, tels sont les trois degrés successifs de l’éducation. En disant successifs, nous ne voulons pas dire que chacune des trois grandes parties de l’œuvre totale s’ajoute à la précédente comme les chapitres d’un livre. Il est évident que, si elles commencent à des moments différents, elles ne finissent pas moins par se rencontrer et par marcher ensemble. Cependant la première sera un jour à peu près terminée, tandis que les deux autres ne se termineront qu’avec la vice même de l’homme. Arrivés à l’âge mûr, la gymnastique n’est plus guère pour nous qu’un délassement ; l’étude et l’amélioration de nos facultés morales devraient rester, au milieu de nos préoccupations d’ambition et de fortune, la partie la plus importante de notre tâche. Remarquons aussi que la gymnastique relève surtout de l’éducation individuelle, quoique le futur soldat profite de la vigueur que lui a due l’enfant. Mais, dès qu’on commence à former le cœur et l’intelligence, il est impossible de ne pas songer en même temps à l’individu et au citoyen.