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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/9

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REVUE PÉDAGOGIQUE

sonnable de demander que chaque père pour son enfant, que chaque maître pour ses élèves, commence une nouvelle expérience pédagogique. Cette expérience serait plus ou moins mêlée d’erreurs et d’insuccès, suivant l’intelligence de ceux qui la tenteraient ; on n’aurait que des éducations toujours incomplètes, souvent bizarres et mauvaises.

Qu’en conclure, sinon que l’éducateur, tout en se réservant une part d’indépendance, ne doit pas considérer comme nul et non avenu ce qu’on a fait, dit, écrit avant lui en matière de pédagogie ? Mépriser les leçons du passé serait de la présomption ; les suivre aveuglément, de la routine. Il faut distinguer dans les traditions pédagogiques, aussi bien que dans les ouvrages où on a traité de l’éducation, la part de l’erreur, de l’ignorance, des préjugés qui sont le fait des époques et des sociétés à travers lesquelles traditions et ouvrages nous sont parvenus, et la part de vérité qu’ils contiennent. Le genre humain ne s’est pas toujours égaré dans la suite de ses réflexions et de ses efforts. De plus, si les variétés se multiplient à l’infini, l’espèce est une ; elle présente des traits généraux et durables. Au-dessous du Grec, du Romain, du Français, contemporains de Platon, de Quintilien, de Rousseau, il y à l’homme. Tout ce qui se rapporte par exemple à l’enfant grec dans le traité de Plutarque sur l’éducation ne peut plus nous intéresser qu’au point de vue de l’histoire ; mais nous en retiendrons les préceptes qui s’appliquent à l’enfant de toutes les nations et de tous les siècles. Il faut aussi, dans certains livres de pédagogie, condamner l’esprit de chimère propre à l’auteur, et apprécier les vues sensées, les idées utiles qu’il a mêlées à ses rêveries.

C’est ce travail de critique que nous avons entrepris pour les ouvrages ou les parties d’ouvrages dans lesquels les