Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1880.djvu/621

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
611
L’AFRIQUE ÉQUATORIALE.

périple du Tanganyika, toujours convaincu qu’il est fermé, qu’il reçoit des eaux et n’en laisse pas échapper. Enfin il retourne par les monts Losammsoué au lac Banngouéolo ; il l’aborde par le sud-est ; il vale tourner. Mais la fièvre le saisi : ses jambes enflent ; ses forces déclinent ; ses servileurs africains, Souzi, Chouma et Wainwright le portent, et en le portant ils ont quelquefois de l’eau jusqu’au cou. Il cesse d’être attentif ; sa fin s’annonce ; il parle peu, il n’écrit plus ; c’est à peine s’il remarque la ligne de partage entre Le Zambèze et le Loualaba ; à Tchitambo, dans l’Ilala, le 19 mai 1873, il expire.

Les serviteurs entreprennent de rapporter le corps du maître qu’ils ont aimé, et le chef de Tchitambo, qu’ils redoutaient à tort, les aida de tout son pouvoir : « Il avait été à la côte, disait-il et il distinguait un Anglais d’un Arabe, » Le corps, après qu’on eût retiré et enterré avec honneur le cœur et les entrailles, fut embaumé et desséché au soleil ; puis la caravane se mit en route, portant Livingstone mort avec autant de dévouement qu’elle l’avait porté vivant, Quand partit-elle ? on ne le sait ; quelles furent ses étapes ? on ne le sait pas davantage. Ces noirs n’étaient pas de grands clercs et leurs notes son£ plus qu’obscures ; obéissant encore au maître qui n’est plus, ils achèvent le tour du Banngouéolo dans la boue, dans l’eau. Ms tombent malades, ils perdent plusieurs des leurs ; ils restent fermes dans leur projet, soutenus par l’espoir de l’accomplir. Ils retrouvent dans la vallée du Lipochosi, tributaire du Banngouéolo, le chemin que le maître avait descendu en 1872 : ils le remontent et ne le quittent plus jusqu’au Tanganyika, jusqu’à Ouriméba, d’où, relevant pour ainsi dire les pas de Stanley, ils atteignirent Kaseh, où ils rencontrent l’Anglais Cameron qui commençait son expédition, ct enfin ils revoient la mer.

Jacob Wainwright était le savant de la caravane : c’est lui qui avait fait l’inventaire des pauvres richesses et des précieux papiers du docteur, et c’est lui qui remit à dépouille mortels au Consul anglais : il l’accompagna même jusqu’à Londres.

L’Angleterre sait honorer ses enfants, et dans l’abbaye de Westminster, où tous les grands Anglais, généraux, ministres, écrivains, ont leur tombeau, le grand missionnaire explorateur