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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1880.djvu/625

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L’AFRIQUE ÉQUATORIALE.

était monté sur un bœuf, « circonstance qui paraissait avoir laissé dans sa mémoire une empreinte ineffaçable ».

Cameron se trouvait à peu de distance du lac Dilolo, et, continuant son chemin au sud-ouest, il atteignit Mona-Peho ; il y trouva quelques secours heureusement, car ses habits étaient usés ; les bas qu’il raccommodait lui-même avaient de si grands trous qu’il pouvait se servir d’une aiguille à voile. Quant à ses compagnons, ils étaient vêtus de haillons d’étoffes l’herbes ; une caravane le rencontra, et quand on sut qu’il ne voyageait que pour s’informer du pays, on le prit pour un fou.

Enfin Alvez, qui rentrait chez lui et qui se trouvait assez près de la mer pour trafiquer de la signature du voyageur anglais, lui fournit tout ce qu’il voulut, café, savon, étoffes ; il lui donna un guide sûr. La route était encore longue et pénible. Cameron eut un bon jour de repos, mais un seul, chez un sieur Gonçalvès, qui le fit coucher dans un vrai lit, entre des draps, pour la première fois depuis son entrée en Afrique. Après bien des marches, du haut d’une montagne il aperçut une ligne brillante qui au loin se détachait sur le ciel, c’était la mer : « Xénophon et ses dix mille ne l’ont pas saluée, dit-il, avec plus de bonheur que nous le fîmes alors, moi et ma poignée d’hommes exténués. Une ville était en vue, Catembéla, et le lendemain, 6 novembre 1875, nous vîmes venir à nous, avec des provisions, un blanc à l’air joyeux qui nous acclama, et, débouchant un flacon, but au premier Européen qui avait traversé l’Afrique de l’est à l’ouest. » Ce blanc était un Francais établi à Benguéla, un ancien officier de marine, M. Cauchoix. Caméron ne put répondre à la gaieté de son hôte ; il était malade, il avait le scorbut, et il fallut le porter à Benguéla. Il se remit promptement, et quinze jours plus tard, le 21 novembre, il put se rendre par mer à Loanda ; mais laissons le parler : « Le consul anglais me reçut assez mal, se demandant quel pouvait être l’individu pâle et défait Qui était devant lui. — Je viens vous rendre compte de ma personne, lui dis-je ; j’arrive de Zanzibar (ce nom le fit me regarder en face), à pied, ajoutai-je. — Il recula d’un pas, et laissant retomber ses deux mains sui mes épaules : — Came-