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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1881.djvu/289

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UN INSTITUTEUR NÈGRE À TOMBOUCTOU

gardiens mêmes avaient découvert un réservoir d’érudition, est entouré des lettrés de la ville ; on le prie, on le supplie de révéler ses précieuses connaissances. Ô prestige de la science ! De la prison, il est conduit comme en triomphe à la Mosquée des Chérifs, qui est le principal temple de la ville, et une affluence extraordinaire de tholba[1] émérites accourt à ses leçons.

Ici, je reprends le fil de son récit : « Lorsque nous fûmes soulagés, ma famille et moi, du poids de l’affliction, ajoute-t-il avec résignation, un grand nombre de personnes lettrées s’approchèrent de moi et m’invitèrent à ouvrir des cours publics. Ma première pensée avait été de refuser ; mais, à la fin, vaincu par l’insistance de leurs prières, je pris place dans la Mosquée des Chérifs, et j’inaugurai mon enseignement par la lecture du Précis de jurisprudence de Sidi-Khelil, dont j’élucidai le texte par des scholies, des citations et des exemples tirés des meilleurs jurisconsultes. Qu’il me soit permis d’énumérer les ouvrages compris dans cette période de mes conférences publiques ; ils faisaient partie des programmes suivis à Tombouctou : le Teshil d’Ibn-Malek sur les règles et les difficultés de la syntaxe arabe ; l’Alfia d’El-Yraki ou Résumé des traditions mohammédiennes ; le Teuhfet-el-heukkâm ou Cadeau offert aux juges, par Ibn-el-Aacem ; le Djaméel-Djouamé ou Recueil général des préceptes de l’islam, par Sebki ; le Heukm, ou Manuel du juge, par Ibn-Aatha-allah ; le Djamé-es-seghir ou Répertoire abrégé de préceptes moraux, par Soyouthi ; le Sahih de Bokhari, qui contient les actes ei les paroles de Mahomet, y compris les traditions regardées pas les uns comme éléments des lois, et par les

  1. Le mot thâleb, plur. tholba, signifie lettré.