Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1881.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
281
UN INSTITUTEUR NÈGRE À TOMBOUCTOU

tion à plusieurs reprises, puis j’invoquais l’assistance de Dieu, et la lumière me venait d’en haut. » Ahmed-Baba atteignait sa cinquantième année, lorsqu’il mit la dernière main au Tekmilet-ed-Dibadj. Nous apprenons par lui qu’il avait rédigé une partie de ses leçons, et que ces doctes essais étaient destinés à former plus tard des ouvrages de fond. Il avait même commencé un commentaire du Précis de Sidi-Khelil, ainsi que l’atteste cette réflexion : « Puisse Dieu m’accorder la faculté de l’achever ! »

La liste de ses ouvrages indique la variété féconde de sa pensée ; c’est une bibliothèque entière de morale, d’histoire, de belles-lettres, de théologie, de jurisprudence. Malheureusement tous ces écrits ne nous sont pas parvenus. On ne possède encore que celui d’où j’ai tiré les matériaux de la présente notice. Je suis d’autant mieux en mesure d’en faire une analyse détaillée, que, dans le cours de mes recherches sur l’histoire des musulmans d’Afrique, j’ai eu plus d’une fois l’occasion de le lire et d’en rédiger l’index complet, d’après trois manuscrits. Le Tekmilet, ou Dictionnaire biographique des savants et des saints durite malékite, est une compilation des auteurs qui se sont occupés avec prédilection de l’Espagne et de l’Afrique musulmanes. Il n’acquerra pas moins de valeur, aux yeux des orientalistes, par l’utilité du sujet que par les lectures originales dont il contient en quelque sorte la substance. Si la critique, d’ailleurs peu familière aux chroniqueurs mahométans, ne s’y fait pas assez sentir dans la peinture des caractères, on y remarque toutefois une certaine exactitude dans la partie bibliographique. Pour moi, qui ai vécu trente ans au milieu de la société arabe et qui en apprécie la moralité à sa juste valeur, j’abandonne volontiers à Ahmed-Baba son admi-