Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTICE
SUR LES ÉCOLES ARABES FRANÇAISES DE FILLES
ET SUR LES OUVROIRS MUSULMANS, EN ALGÉRIE



La femme mauresque, par suite des préjugés, est un objet, une chose, un meuble que l’on possède et qui ne doit ni penser ni agir. De là son ignorance et son abrutissement. Et cependant il est reconnu qu’elle possède toutes les aptitudes pour apprendre, puisque l’on voit dans les familles de marabouts des jeunes filles copiant et récitant le koran. On en cite même, mais les exemples sont rares, qui composent des poésies légères. Il convient donc de montrer ici quels efforts ont été faits dans notre colonie africaine, dans le but d’opérer le relèvement de la femme indigène, et sous l’influence de quelles illusions nous avons essayé de la rapprocher de notre civilisation.

En 1845, une dame d’Alger, Mme Luce, utilisant, avec des ressources très limitées et à ses risques et périls, une connaissance assez complète de l’arabe parlé et l’habitude de l’enseignement, cédant aussi au désir d’être utile à une classe jusqu’alors trop négligée, créa un pensionnat pour les jeunes filles musulmanes et l’entretint à ses frais jusqu’en 1847, époque à laquelle cet établissement fut subventionné par l’État. Le moyen semblait trouvé d’influer, par ce côté, sur la société étrange qui nous entoure. On se monta l’imagination, on alla plus loin, sans se douter que cette société résistera à toute infusion européenne qui tendrait à la régénérer. Le décret du 14 juillet 1850 consacra la création, dans chacune des villes d’Alger, de