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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/323

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LES ÉCOLES ARABES FRANÇAISES

confié leur progéniture à des mains étrangères, De ce côté on craignait les tentatives de conversion, tant nous inspirions peu de confiance. Déjà la situation s’éclaircissait, mais il était impossible de reculer, sous peine de tomber dans le ridicule. Dans sa session de 1860, le Conseil général de la province d’Alger manifesta le désir que dans sa session suivante il lui fût, après enquête, présenté des filles. Dans cette province, l’instruction était gratuite. Elle comprenait : 1° la lecture et l’écriture de l’arabe, la lecture et l’écriture du français ; 2° les éléments de la langue française et du calcul ; 3° les travaux d’aiguille. Le personnel de chaque école se composait d’une directrice française et d’une sous-maîtresse indigène. Les directrices recevaient un traitement fixe de 1,000 fr., et les sous-maîtresses de 300 fr., dans les mêmes conditions. Les dépenses relatives au personnel et au matériel de ces écoles furent mises à la charge du budget départemental, et pour les localités situées en dehors du département, à la charge du budget local et municipal. En suite du décret du 14 juillet 1850, l’existence de l’école des jeunes filles d’Alger fut reconnue, et des essais du même genre furent tentés à Constantine, à Bône et à Oran ; mais dans ces deux dernières villes, ces établissements n’ayant donné aucun résultat tombèrent d’eux-mêmes. Seules les écoles d’Alger et de Constantine se maintinrent.

Vers 1850, la maison de Mme Luce renfermait environ 200 jeunes filles ; l’instruction primaire y prospérait et les travaux à l’aiguille étaient arrivés à un degré de perfection très remarquable. Grâce à l’ouvrage qui abondait, la directrice assurait à ses élèves une rémunération souvent considérable de leur travail. Les broderies indigènes soie et or, si renommées en Orient, et dont la tradi-