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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/328

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REVUE PÉDAGOGIQUE

L’ÉDUCATION DANS LES OASIS.



Il nous a paru intéressant d’examiner la manière dont les habitants des oasis élèvent leurs enfants, non que la méthode d’enseignement diffère de celle qu’on emploie dans les villes, mais parce que l’éducation a là quelque chose de plus sévère. On donne le nom d’oasis à ces ksour ou bourgs fermés qui sont noyés dans des forêts de palmiers, entre les steppes et le Sahara. Les indigènes, de race berbère, qui demeurent au milieu de ces bocages verdoyants, partagent leurs soins entre la culture de la terre et la garde des provisions déposées chez eux par les nomades. Leur vie est simple, mais ils ont une foi ardente ; tout dans leurs mœurs se rapporte à la loi du Koran, et c’est d’après ce livre qu’ils se conduisent. Chaque oasis possède une école primaire installée dans une annexe de la mosquée. C’est une salle, souvent mal éclairée, dont le sol est entièrement recouvert d’une natte. Le long des murs sont accrochées les planchettes sur lesquelles sont écrites les leçons. Au bout de la salle, dans une sorte de niche qui sert de mihrab, au moment de la prière, se tient l’instituteur, accroupi sur un tapis ; devant lui sont rangés les enfants, les jambes croisées. Lorsque la leçon commence, le plus âgé des élèves prend les planchettes et les distribue à ceux dont elles portent le nom. On ne se fait aucune idée de la lenteur du procédé qu’emploie le maître pour tracer les modèles. À défaut de papier, il dessine à l’encre sur ces tablettes blanchies la leçon à étudier, et chaque écolier travaille séparément, le classement par division et par rang de force n’étant usité nulle part. De là une perte de temps considérable.

L’enseignement primaire consiste à apprendre aux jeunes musulmans entre l’âge de six à douze ans la copie,