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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/550

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REVUE PÉDAGOGIQUE

leur discipline et leur courage. De ces jeunes gens, souvent incultes, arrachés à leur charrue, à leur village, quand on veut, quand on sait, on peut tout obtenir. En passant par l’armée nos jeunes instituteurs apprendront le patriotisme.

À la première prise d’armes, quand le colonel, saluant le drapeau de son épée, leur dira : « Enfants, présentez les armes ! c’est la Patrie ! c’est l’Honneur ! mieux vaut mille fois mourir que de le laisser prendre ! » soyons certains que, frissonnant de la tête aux pieds, le conscrit jurera dans son cœur de ne pas faillir à une si noble tâche.

Quand son capitaine, le plaçant en sentinelle, lui expliquera qu’en temps de guerre l’armée tient dans ses. mains le salut du pays, et que lui, simple sentinelle, tient entre ses mains le salut de l’armée, est-il possible que le jeune soldat ne comprenne pas la grandeur de sa mission ? est-il un plus noble exemple pour un cœur jeune et généreux que celui de l’immortel chevalier d’Assas, tombant mort en sauvant ses compagnons d’armes par son cri de : « À moi, Auvergne, ce sont les ennemis ! » Oui, certes, nos jeunes instituteurs ne pourront dans l’armée que perfectionner les sentiments de patriotisme que leurs parents et leurs maîtres auront déjà dû semer dans leurs cœurs.

Nous ne demandons pas qu’on insuffle dans leur sang la haine de l’étranger ; c’est trop bas, c’est trop vil ; la haine n’est pas un sentiment français Nous voulons qu’ils n’oublient ni nos victoires ni nos défaites ; quand un peuple est vaincu, point n’est besoin d’un bouc émissaire : chacun a été plus où moins coupable suivant la mesure des devoirs qui lui incombaient. Le travail seul peut le relever.

Nous voulons qu’ils sachent bien qu’ils se doivent tout