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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/552

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REVUE PÉDAGOGIQUE

obéir par ceux qui hier encore étaient ses égaux, il trouvera le moyen de se faire aimer, respecter et obéir par des enfants, qui ne sont en définitive qu’une pâte molle qu’un homme intelligent pourra presque toujours pétrir à son gré.

Celui qui a été soldat peut se rendre compte par lui-même des difficultés qu’on rencontre dans l’exercice d’un commandement, si peu important qu’il soit. S’il réfléchit un peu, il aura remarqué comment en usent les chefs les mieux obéis. Il aura vu que pour obtenir un bon résultat, il faut étudier avec soin le caractère des subordonnés. Avec celui-ci, il faudra exagérer la sévérité, avec celui-là la plus grande douceur sera nécessaire. Pour tous il faudra déployer de la fermeté et surtout une grande patience, sous peine de les rebuter imprudemment et de n’en faire que de mauvais sujets.

Quelle vertu plus désirable pour un instituteur que la patience ? et où l’apprendra-t-il mieux que dans l’armée ? L’élève instituteur aura toujours, on doit l’admettre, une instruction suffisante pour arriver rapidement aux grades de caporal et de sous-officier. En cette qualité, il sera chargé de l’instruction des conscrits sous ses ordres.

Quand il rencontrera des jeunes gens presque complètement illettrés, ne comprenant souvent que le patois de leur pays, certes, il pourra apprendre la patience !

Quand il faudra leur faire exécuter le maniement d’armes, leur apprendre les noms de toutes les petites parties dont se compose un canon ou un fusil, quand on leur demandera de retenir les noms de tous leurs supérieurs, les prix de toutes les denrées, le prix de tous les effets achetés sur leur masse individuelle, que de peines et que de soins pour le sous-officier instructeur !