Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/553

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
541
ENSEIGNEMENT DE LA GYMNASTIQUE

Et pour récompenser ses efforts, à la première inspection, le chef tombera certainement sur le soldat le plus maladroit ; celui-ci répondra d’autant plus mal qu’il sera plus troublé, ou ne répondra pas du tout ; et le pauvre instructeur, au lieu d’un éloge qu’il espérait, n’obtiendra peut-être que des reproches, ou même une. punition. Et lorsqu’il devra marcher par n’importe quel temps. accablé sous le poids du sac, quelquefois les pieds blessés, et cela sans se plaindre sous peine de répandre le découragement autour de lui ! et en campagne et dans toutes les circonstances !

Si en quittant l’armée le futur instituteur n’a pas appris la patience, c’est une qualité qui lui fera toujours défaut.

L’armée est encore une école où l’on apprend le désintéressement et l’esprit de sacrifice. Là, comme dans bien d’autres carrières, il y a beaucoup d’appelés et bien peu d’élus. Quel est l’espoir qui peut soutenir un soldat partant pour la guerre ? Beaucoup n’ont rien à y gagner, que des coups. S’ils en reviennent, on pourra faire l’éloge de leur dévouement et de leur patriotisme, car beaucoup ne rapporteront que la satisfaction du devoir accompli.

Tout cela, nos soldats le savent d’avance et ils partent, et ils font leur devoir, presque gaiement.

Ce devoir accompli sans espoir de récompense, simplement et obscurément, est un des plus grands exemples qu’on puisse proposer au jeune homme qui se voue à l’éducation. Lui aussi doit être dévoué et désintéressé, car toute sa vie s’écoulera peut-être dans l’obscurité, et il n’aura, comme le soldat, d’autre récompense que le sentiment des services modestes qu’il aura rendus à son pays.

Mais ces services sont grands ; c’est l’instituteur qui devra faire comprendre à son élève ce qu’il doit à la société,