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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/615

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ROLLIN ET LE TRAITÉ DES ÉTUDES

Quintilien, de Sénèque. Son bonheur est de les citer, le les traduire, de les commenter. C’est presque toute a théorie de l’art d’écrire :

« Un auteur, semblable en cela aux abeilles, qui composent leur miel du suc qu’elles ont su adroitement cueillir sur diverses fleurs, doit tourner en sa propre substance les pensées et les beautés qu’il trouve dans les anciens ; il doit, par l’usage qu’il en fait et par le pour qu’il leur donne, se les rendre si propres qu’elles deviennent son bien, et qu’encore qu’on découvre d’où elles sont tirées, elles paraissent avoir comme changé le nature en passant par ses mains. » (Discours préliminaire.)

Il parle leur langue plus facilement que celle de son propre pays, et ce n’est que dans la pensée de se mettre plus à la portée des jeunes lecteurs qu’il a renoncé à écrire en latin le Traité des Études, à la date de 1726 : « J’aurais pu mieux réussir, dit-il, en écrivant dans une langue à l’étude de laquelle j’ai employé une partie de ma vie, et dont j’ai beaucoup lus d’usage que de la langue française. Je ne rougis joint de faire cet aveu afin qu’on soit plus disposé à ne pardonner bien des fautes qui me seront échappées dans un genre d’écrire qui est presque nouveau pour moi. » (Discours préliminaire.) Il avait alors soixante ans. D’Aguesseau, le remerciant de l’envoi de son livre, lui faisait ce compliment, assez étrange en somme, car il adresse à l’ancien recteur de l’Université de Paris : « Vous parlez le français comme si c’était votre langue naturelle. » (Lettre du 6 mai 1726.) Quelques années après, lui parlant de ses travaux historiques, il lui écrivait : « Après avoir voyagé longtemps dans l’Afrique,